1. Ouganda: transformer les déchets en trésor (par Pius Sawa, pour Agro Radio Hebdo, à Kampala)

| mars 16, 2009

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Dans les bidonvilles de Kasubi et Kawala, il n’y a pas de zones désignées pour le déversement des ordures. Les résidents de ces bidonvilles de Kampala, en Ouganda, déversent leurs déchets dans l’eau des canaux et en face de leurs maisons. Les déchets alimentaires, les déchets humains et d’autres déchets solides bloquent les canaux d’eau et pourrissent devant les maisons. La contamination de l’eau entraîne des décès causés par le choléra, alors que les moustiques attirés par l’eau stagnante favorisent la propagation du paludisme.Les pelures de bananes, de manioc et de pommes de terre constituent plus de 80% des ordures dans les deux bidonvilles. Damaris Namusoke a trouvé un moyen de garder ces déchets hors des gouttières et de transformer les déchets en trésor.

Depuis trois ans maintenant, Mme Namusoke produit du compost à partir des déchets alimentaires. Elle fait partie d’une association appelée Kasubi Local Development Initiative, qui, en 2007, a commencé la collecte d’ordures pour en faire du compost. Mme Namusoke et d’autres femmes collectent les résidus alimentaires dans des contenants de plastique. Mme Namusoke creuse un trou et le remplit avec ces déchets. Elle recouvre le trou et laisse les déchets alimentaires se décomposer pendant trois mois. À la fin de cette période, elle vend le compost à ses voisins. Elle l’utilise aussi dans son propre jardin. Pendant la saison sèche, elle fait un compost liquide qui est composé d’une mesure de déchets décomposés pour trois mesures d’eau.

Grâce à cette initiative, Mme Namusoke a pu augmenter son revenu de ménage. Elle gagne près de 20000 shillings ougandais par semaine (environ 10 dollars américains ou 7,5 euros), grâce à la vente du compost, et le même montant avec la vente de légumes qu’elle fait pousser avec son propre compost. Elle dit que depuis qu’elle a commencé à produire du compost, elle peut utiliser l’argent qu’elle devait normalement réserver à l’achat de légumes pour acquérir d’autres articles ménagers comme le sel, le sucre et l’huile de cuisson.

Mais les bénéfices s’étendent au-delà de la maison de Mme Namusoke. Depuis que l’initiative des femmes a commencé à faire du compost à partir de résidus alimentaires, le problème de la pourriture des tas d’ordures ne se pose plus. L’eau de pluie peut désormais s’écouler aisément. L’hygiène dans la région a été grandement améliorée et le nombre de cas de maladies d’origine hydrique a considérablement diminué.

Un village voisin a trouvé une autre solution à ses problèmes de déchets. James Kiza fait partie d’une association qui s’appelle Kawala Recycling and Manufacturing Group. Depuis deux ans maintenant, le groupe produit de la nourriture pour animaux à partir de déchets alimentaires. Les membres de ce groupe collectent les pelures alimentaires pour ensuite les sécher, les moudre et les emballer dans des sacs. Ces aliments sont ensuite vendus aux éleveurs.

M. Kiza dit que le maintien d’un environnement propre est l’une des raisons qui ont motivé l’initiative. Une autre raison est le coût élevé de l’alimentation animale, qui comprend le son de maïs, vendu dans les magasins locaux. Un kilogramme de nourriture pour animaux fabriquée à partir de déchets alimentaires se vend 200 shillings ougandais (0,01 dollar américains ou 0,075 euros), soit la moitié du coût du son de maïs.