1. Mozambique: Un agriculteur construit un silo avec des matériaux locaux pour réduire les pertes post-récolte (Helvetas Mozambique, Agro Radio Hebdo)

| juillet 19, 2010

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Avant, dans la province de Cabo Delgado (dans le nord du Mozambique), les charançons s’amusaient à ronger les semences mal stockées. Mais maintenant, les agriculteurs sont occupés à tisser des bandes de bambou pour en faire des silos de stockage de forme cylindrique qu’ils recouvrent d’argile brune. Ces structures sont appelées Tethere silo. Elles ont deux ouvertures: une au sommet et une autre dans la partie inférieure. On remplit la structure en versant les semences par l’ouverture du haut, et l’ouverture du bas est utilisée pour vider le silo.

Dans le village Maririni, dans la province de Cabo Delgado, Gilberto Tethere est affectueusement appelé «Velho Tethere » (Vieux Tethere, en portugais). M. Tethere a inventé ce qui est maintenant connu sous le nom « Zero Emissions ‘Fridge’ for rural Africa » (ZEFRA) ou Tethere silo. L’idée lui est venue après avoir assisté à un atelier sur l’utilisation de silos en métal pour le stockage des semences et la réduction des pertes post-récolte. Trouvant que le silo en métal était trop cher, M. Tethere a conçu un silo avec des matériaux locaux et des techniques de construction traditionnelles.

C’est l’ONG suisse Helvetas qui avait présenté le concept de silos en métal aux agriculteurs. « Nous avons essayé d’introduire des silos en métal dans le nord du Mozambique – ce qui avait parfaitement réussi en Amérique centrale, mais cela s’est avéré trop coûteux à cause des coûts de matériel et de transport. Gilberto Tethere a aimé le design et a décidé de reconstruire le silo à l’aide de matériaux locaux », explique Christian Steiner, coordonnateur régional de Helvetas au Mozambique.

Le silo a de nombreux avantages. Il peut aider les exploitants pratiquant une agriculture de subsistance ainsi que leurs familles à s’adapter à la période de la « faim étendue ». Celle-ci est causée par la sécheresse, qui dure d’octobre à janvier, dans le nord du Mozambique. Le silo de M. Tethere a toutes les caractéristiques du silo en métal (plus coûteux), mais est abordable pour les agriculteurs pauvres.

En moyenne, un Tethere silo, qui peut stocker 250 kg de semences, coûte environ 430 metalics mozambicains (MZN) (environ 10 euros soit 12 dollars américains) en matériel et en main-d’œuvre. En revanche, les matériaux pour la construction d’un silo en métal, qui stocke 200 kg, coûtent environ 4800 MZN (environ 106 euros soit 137 dollars américains).

La carcasse d’argile du Tethere silo crée un effet presque hermétique. Cela augmente l’efficacité des insectifuges à base de plantes (produits à partir de cendres, d’eucalyptus et d’autres plantes locales) utilisés pour empêcher les rongeurs et les insectes tels que le charançon des grains de s’attaquer aux semences stockées.

M. Steiner dit que, parce que le silo est recouvert d’argile et placé sous un toit d’herbe, il maintient les semences entreposées à des températures beaucoup plus fraiches que la température extérieure. Le Tethere silo est principalement utilisé pour les haricots, le maïs, les arachides et le sésame, mais peut aussi être utilisé pour le riz, le mil et le sorgho.

Ernesto Molid est un agriculteur qui utilise le Tethere silo. M. Molid dit qu’avant d’avoir un silo ZEFRA, il dépendait des autres pour ses semences. Cette dépendance était particulièrement problématique quand il était temps de semer son champ. Maintenant qu’il a son propre silo, il ne dépend de personne. Le silo amélioré à faible coût lui permet de stocker correctement ses semences et de les préserver pour la prochaine saison de plantation.

Jusqu’à présent, plus de 800 silos ont été construits et utilisés, chacun d’entre eux bénéficiant en moyenne à dix familles. Actuellement, Helvetas tente d’étendre le projet à huit autres districts des provinces du nord de Nampula et de Cabo Delgado. M. Steiner dit qu’ils espèrent construire 2000 silos pour usage individuel et 90 banques de semences communautaires.