1. Mali: La campagne pour le biodiesel s’intensifie mais les agriculteurs restent prudents

| janvier 21, 2008

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Par: Idy Sy Diop, pour Agro Radio Hebdo à Dakar

Face à une intense campagne gouvernementale et de l’industrie afin de développer le biodiesel, les paysans maliens ont manifesté un certain intérêt mais ils restent prudents.

Zoumana Dembelé est un paysan de Koutiala, dans la région de Sikasso. Il a alloué 20 % de ses terres pour cultiver le jatropha curcas, une plante utilisée pour produire du biodiesel. Mais, il va continuer à faire pousser du coton et des céréales – le coton pour faire de l’argent et les céréales pour la survie de sa famille.

M. Dembelé a expliqué qu’il commencera à faire pousser moins de coton, car le marché pour le coton n’est plus fort. Mais il va également rester vigilants alors qu’il commence à faire pousser de plus en plus de Jatropha curcas, communément appelée jatropha ou pourghère.

Le gouvernement malien encourage les agriculteurs à cultiver le jatropha pour le biodiesel, car le pays ne produit pas de pétrole. Ahmed Diane Séméga est le ministre des mines, de l’énergie et de l’eau. En septembre dernier, il a annoncé l’intention du gouvernement de remplacer une quantité significative de l’utilisation du Mali en pétrole avec du biodiesel.

Avec les prix actuels du marché, le biodiesel fabriqué à partir de la plante de jatropha est vendue pour un tiers du prix du diesel ordinaire.

Dans certaines régions du sud du Mali, le jatropha a été cultivé pour près d’une décennie. Il a été utilisé pour protéger les fermes contre le vent et les prédateurs. Maintenant, il est planté comme culture de rente.

Mais les agriculteurs ont de bonnes raisons de penser deux fois avant de remplacer leurs cultures avec le jatropha. Cissé Seydou est un militant pour une société privée dans la même région. Il dit que, par le passé, les agriculteurs ont été invités à lancer de nouveaux produits qui ce sont soldée par un échec.

Les agriculteurs peuvent également être découragés par le long cycle de croissance du jatropha. Il faut trois ans pour le cultiver, de la plantation à la récolte.

Alors que dans certaines régions les agriculteurs sont incités à cultiver le jatropha pour répondre aux besoins énergétiques du pays, les agriculteurs dans des endroits comme Keleya, également dans le sud du Mali, ont tranquillement commencé à utiliser le biodiesel pour faire fonctionner leurs tracteurs et leurs machines de broyage.

Loin de la campagne médiatique du gouvernement et de l’industrie – la production de biodiesel demeure à petite échelle, au service des agriculteurs locaux et des petites industries rurales.

Il y a aussi un engouement pour le biodiesel à Bamako et dans d’autres villes maliennes. Face à l’augmentation des coûts du pétrole, certains mécaniciens adaptent les moteurs de voiture pour le biodiesel, et certaines familles et petites entreprises utilisent des électrogènes au biodiesel.