1. Mali: Des groupes de femmes restaurent les forêts et améliorent la pêche dans le Delta intérieur du Niger (Wetlands International Mali, IPS)

| mai 24, 2010

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Fatoumata Dienta regarde fièrement les arbres d’acacia qu’elle et ses amies viennent de planter. Bientôt les crues viendront, et ces arbres vont disparaître sous l’eau. Mais cela n’est pas un problème. La forêt servira de zone de reproduction pour des centaines de poissons. Bon nombre de ces poissons se retrouveront dans les filets des pêcheurs et dans les assiettes des familles du village d’Akka, dans le delta intérieur du fleuve Niger, au Mali.

Le delta intérieur du fleuve Niger est un lit majeur au bord du Sahara. Un million de personnes dépendent de ses ressources naturelles qui constituent les moyens de subsistance de nombreux pêcheurs, éleveurs et agriculteurs.

Mme Dienta et ses amiesont planté ces arbres dans le cadre de la stratégie BioRights. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre d’un projet de restauration des forêts développé par l ’ONG Wetlands International. Voici comment la stratégie fonctionne.

Mme Dienta fait partie d’un groupe de femmes qui a reçu un micro-prêt. Plusieurs groupes de femmes ont utilisé les fonds qu’ils on reçus pour démarrer un potager ou élever des animaux de petite taille. Mais au lieu de payer les intérêts, les femmes devaient planter trois hectares d’arbres acacia indigènes. Si les arbres sont encore intacts après un an, le prêt devient en fait une subvention.

Le taux de retour pour les prêts des groupes de femmes était de 100%. Maintenant, l’argent est utilisé comme un fonds renouvelable, dans les villages concernées. Bien que le projet BioRights soit terminé, les activités auquelles le projet a donné naissance sont maintenant autonomes et les bénéfices continuent.

Les communautés ont qualifié de « banques locales » les forêts inondées. Les gens ont compris leur valeur. Les forêts fournissent des médicaments, du bois et du poisson. Les villageois peuvent les utiliser pour s’abriter quand il y a des orages, sur les plaines ouvertes. Les forêts servent également de zones de reproduction pour de nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques.

Mais l’accroissement des populations humaines et du bétail, la sécheresse, les barrages construits en amont du fleuve, et le changement climatique ont tous contribué à la dégradation de la forêt. Les ressources naturelles dont dépendent les populations humaines ont été durement touchées. Comme les agriculteurs et les pêcheurs luttent pour avoir de la nourriture ou des revenus, ils se tournent le plus souvent vers des méthodes non durables. Ceci menace encore plus l’équilibre délicat de l’écosystème.

Les communautés ont toujours joué un rôle de premier plan dans les projets de réhabilitation qu’organisent les ONGs. Les agriculteurs et les pêcheurs ont également planté des arbres et ont encouragé la régénération naturelle. Cela a été fait en veillant à une bonne dispersion des graines et en gardant le bétail à l’écart.

Les communautés ont exigé la protection des forêts remises en état. Les lois locales fixent désormais les règles d’utilisation des ressources naturelles. Elles indiquent également quelles sanctions seront utilisées contre ceux qui ne respectent pas ces mesures.

Des comités de gestion ont été formés et sont composés de représentants des différentes communautés. Ils se battent aujourd’hui pour faire appliquer des règlements municipaux même s’ils n’ont pas toujours un caractère contraignant d’un point de vue judiciaire.
L’approche novatrice de BioRights a généré des revenus tout en restaurant les forêts et les services de protection des écosystèmes. Les familles voient aujourd’hui les avantages de la restauration de la forêt.

De nombreuses espèces de poissons précieux sont de retour, et les produits de la pêche locale sont vendus même à l’extérieur du Mali.