1. Mais, qu’est-ce qui cause l’augmentation fulgurante des prix des produits alimentaires?

| mai 5, 2008

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Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte : Une des premières causes est l’augmentation de la demande car la population mondiale s’accroît chaque année de 28,5 millions de bouches à nourrir. Généralement, l’augmentation de la demande pour un produit génère une hausse des prix, à moins que la production de ce produit augmente aussi. La population africaine devrait passer de 800 millions d’habitants à 1,8 milliards d’ici 2050. Certains disent que la production alimentaire ne suit pas le rythme d’une population mondiale croissante et que le moyen d’atténuer la pénurie est d’utiliser de meilleures technologies. D’autres croient qu’il y a assez de nourriture pour nourrir le monde, mais qu’il y a un manque de volonté politique pour lutter contre la répartition inégale des produits alimentaires.

Une autre raison citée est l’augmentation de la consommation des produits comme le lait et la viande de bœuf dans les économies émergeantes comme la Chine et l’Inde, d’où une augmentation de la demande en céréales pour nourrir le bétail.

Une troisième cause est l’augmentation de la demande pour des cultures vivrières dans la fabrication des bio-carburants. De plus en plus de terres agricoles sont allouées à la production d’éthanol et de diesel, que pour produire de la nourriture. Cent millions de tonnes de céréales sont utilisées chaque année pour fabriquer de l’éthanol, ce qui a contribué à l’augmentation du prix du maïs. Certains disent que cette poussée vers les bio-carburants, qui sont en grande partie basée sur le maïs, sont en train de créer un virage vers des denrées alimentaires plus chers comme le blé et le soja.

Une autre cause qui explique l’augmentation du prix des aliments est la flambée du prix du pétrole. Le prix du baril de pétrole ne cesse d’augmenter, ce qui fait aussi augmenter les coûts reliés à la fabrication des intrants agricoles. Les produits pétroliers sont nécessaires à la fabrication des fertilisants utilisés par les agriculteurs, et sous-tend aussi le fonctionnement des tracteurs agricoles et le transport des aliments.

Les conditions climatiques extrêmes sont aussi en cause. Au cours de la dernière année, plusieurs pays africains comme le Mozambique ont subi des inondations. D’autres comme la Somalie souffrent de sécheresse. Ces deux évènements climatiques diminuent les rendements des agriculteurs, ce qui les force à augmenter leurs prix pour faire un profit. Les sécheresses prolongées en Australie (depuis environ dix ans maintenant) ont aussi fait augmenter les prix des céréales car l’Australie est un grand producteur de céréales à l’échelle mondiale.

Des solutions?

La FAO offre quelques solutions pour venir en aide aux pays les plus touchés par la hausse des prix alimentaires. Elle suggère de compter davantage sur la production locale pour réduire la facture des importations des denrées alimentaires et de fournir aux paysans des intrants agricoles subventionnés pour accroître la production. (Dans ce numéro d’ARH, nous vous présentons deux articles sur ces deux recommandations, l’un en provenance du Sénégal et l’autre en provenance du Cameroun.)

Quelques gouvernements semblent avoir répondu à ces suggestions. Le Sénégal a annoncé la semaine dernière qu’il avait besoin de 390 milliards de francs CFA (environ 920 millions de dollars américains ou 590 millions d’euros) pour faire sa révolution agricole et arriver à l’autosuffisance alimentaire. Mais des experts remettent en question cette stratégie disant que la vision du gouvernement ne contribuera pas réellement à développer l’économie rurale. D’autres gouvernements ont opté pour des solutions diverses, notamment la réduction des taxes sur les produits de première nécessité et l’augmentation des salaires. En Éthiopie, contrairement à d’autres pays africains, aucune émeute de la faim n’a été rapportée. Le gouvernement Éthiopian a annoncé qu’il continuera à subventionner les principaux produits alimentaires et à augmenter le salaire des fonctionnaires. À Djibouti, le gouvernement a décidé de supprimer la taxe intérieure de consommation sur certains produits alimentaires tels que le riz, le lait en poudre non maternisé, les huiles alimentaires, la farine de blé et le sucre en poudre cristallisé.

Vous trouverez ci-dessous un survol plus détaillé de la situation actuelle en ce qui a trait à l’augmentation des prix des denrées alimentaires au Burkina Faso, en Mauritanie, au Malawi et en Somalie.