1. Éthiopie: le Premier Ministre dit que des centaines de milliers d’hectares de terres seront disponibles pour des investisseurs étrangers (Inter Press Service, Arab News, The Guardian, Reuters, New Scientist)

| décembre 22, 2008

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Shashe Dima dit que Dame Nature ne semble pas bien s’entendre avec sa famille. L’année dernière, le manque de pluies a eu des conséquences catastrophiques sur les récoltes de sa famille. Cette saison, sa famille avait de grands espoirs pour son petit lopin de terre en Éthiopie. Elle s’attendait à avoir une récolte exceptionnelle de teff (le teff est une semence indigène en Éthiopie.) Mais, à la fin du mois d’octobre, une abondance inattendue de pluie a détruit les cultures familiales. Maintenant, Mme Dima et son mari, Tola Melka, cherchent d’autres moyens pour nourrir leur famille. Melka dit qu’il aimerait obtenir un emploi dans une compagnie agricole étrangère – un type d’opération que le gouvernement éthiopien voudrait potentiellement favoriser. Le premier ministre éthiopien Meles Zenawi a accueilli une délégation saoudienne dans son pays, plus tôt cette année. Après cette visite, il a dit à Arab News que l’Éthiopie est «très désireuse de fournir [aux Saoudiens] des centaines de milliers d’hectares de terres agricoles pour l’investissement».

L’Arabie Saoudite est l’un des nombreux pays du Moyen-Orient et de l’Asie qui cherchent à louer ou acheter de grandes parcelles de terres agricoles en Afrique. Dans ce cas particulier, le gouvernement saoudien est à la recherche de terres pour la production céréalière.

Jacques Diouf est le président de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Il met en garde que la location ou la vente excessive de terres entre les pays en développement et les gouvernements et les sociétés riches pourrait créer une forme de «néo-colonialisme». M. Diouf a fortement recommandé que les pays en développement prennent garde de ne pas produire de la nourriture pour les pays riches au détriment de leur propre peuple.

Mais le gouvernement éthiopien tient à augmenter le nombre de terres disponibles pour la location et la vente. Le gouvernement dit que les aliments produits par les investisseurs étrangers seraient disponibles pour les marchés locaux ainsi que pour l’exportation. Les responsables gouvernementaux indiquent également que les investisseurs apportent de nouvelles connaissances et des technologies agricoles plus avancées, qui peuvent bénéficier à la population locale.

Jusqu’à présent, le gouvernement a identifié environ deux millions d’hectares de terres dans les régions d’Amhara et d’Oromia, où la plupart des céréales de l’Éthiopie sont cultivées. Plus tôt cette année, le Premier Ministre Zenawi a donné au président de Djibouti 7000 hectares de terres pour la culture du blé.

Les experts font valoir que cette stratégie comporte de nombreux risques. Marco Bassi est anthropologue à l’Université d’Oxford. Il affirme que la location des terres communales de l’Éthiopie à des investisseurs étrangers met en danger les moyens de subsistance des éleveurs. M. Bassi se dit préoccupé par le fait que ces terres sont impropres à la culture intensive, et que les investisseurs étrangers pourraient épuiser toutes les ressources du sol et les sources d’eau de ces zones en peu de temps.

Il y a aussi des doutes quant à la disponibilité des aliments ou des bénéfices produits sur ces terres pour les agriculteurs éthiopiens. Des analystes ont montré que la quasi-totalité de la nourriture quitte le pays. De plus, les Éthiopiens ne peuvent pas rivaliser avec les prix offerts par les compagnies étrangères.

Avec une famille de six enfants à nourrir, M. Melka dit qu’il est trop risqué de compter sur sa propre ferme pour vivre. Présentement, ce qui l’intéresse ce sont les possibilités d’emploi offertes sur les exploitations agricoles étrangères. Cette source de revenu supplémentaire pourrait l’aider à nourrir sa famille pendant les périodes financièrement difficiles.
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