1. Bénin : Une approche précautionnaire au milieu des débats sur les organismes génétiquement modifiés (Inter Press Service et allAfrica.com)

| mars 31, 2008

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À l’oeil nu, le maïs ou le soja génétiquement modifié ressemble à du maïs ou du soja conventionnel. Ce n’est que lorsqu’on examine un grain au microscope que l’on découvre que les gènes de l’organisme ont subi des altérations.Les organismes génétiquement modifiés, ou OGM, sont définis comme tout organisme vivant dont le matériel génétique a été modifié artificiellement. Le débat sur leur développement et leur utilisation est un sujet à controverse. Les promoteurs de cette biotechnologie affirment que les OGM peuvent aider à résoudre la faim dans le monde, mais les opposants affirment que les OGM pourraient mettre en danger la santé humaine et pourraient menacer les ressources génétiques naturelles.

Certains pays africains ont interdit les OGM. En mars 2008, le gouvernement béninois a voté pour la prolongation d’un moratoire sur les OGM, initialement adoptée en 2002. En vertu de la loi, les OGM et de leurs dérivés ne peuvent être importé, vendu ou utilisé au Bénin, pour au moins les cinq prochaines années.

Jeanne Zoundjihékpon est professeur à la faculté des sciences agronomiques à l’Université d’Abomey-Calavi, au Bénin. Elle fait également partie de l’organisation GRAIN, une ONG qui estime que la diversité biologique est essentielle à la sécurité alimentaire. Avec l’organisation GRAIN, elle milite contre les OGM en Afrique francophone.

Le professeur Zoundjihékpon considère que la décision du gouvernement Béninois de reconduire, pour une autre période de 5 ans, un moratoire sur les OGM est une victoire pour les agriculteurs et les consommateurs béninois. Elle dit que cela permettra de prendre plus de recul en ce qui concerne les impacts qu’ont les OGM sur l’environnement et la santé humaine.

Mais ce ne sont pas tous les gouvernements africains qui ont eu une approche précautionnaire comme celle du Bénin. L’Afrique du Sud est le premier et le seul pays africain à faire pousser et à commercialiser des OGM. Les entreprises agro-industrielles, telles que Monsanto, la plus importante firme agro-chimique américaine, sont au centre de la mise en place des cultures transgéniques en Afrique du Sud. Ces sociétés font valoir que la biotechnologie est nécessaire pour améliorer la sécurité alimentaire en Afrique par la création de variétés qui sont résistants aux maladies et qui produits de meilleurs rendements.

Le Dr. Melaku Worede est un chercheur éthiopien en génétique de renommée internationale. Il n’adhère pas à la vision des compagnies agro-industrielles. Il affirme plutôt que les Africains doivent intensifier leurs efforts pour protéger leurs ressources phytogénétiques. Le Dr. Worede souligne qu’il n’est pas contre la technologie moderne mais qu’il s’inquiète que la prolifération des OGM dans le contexte actuel pourrait donner aux grandes sociétés de transformation agro-alimentaire, le monopole et le contrôle des ressources végétales du continent au détriment des cultures traditionnelles et des besoins des collectivités locales.

Une préoccupation commune au sujet des OGM, c’est que les agriculteurs ne peuvent sauver les semences de plantes OGM. Les agriculteurs qui achètent des semences OGM sont habituellement tenus de signer des accords avec l’entreprise agro-alimentaire qui stipulent qu’ils ne sauveront pas les semences. Mais, même s’ils les sauvent, les semences d’OGM comme les semences hybrides, ne peuvent se multiplier dans la génération suivante. Par conséquent, les agriculteurs doivent acheter de nouvelles semences de l’agro-entreprise, avant de les planter à nouveau.

Actuellement, une semence d’OGM connu sous le nom de «Terminator» soulève de nouvelles inquiétudes concernant le contrôle qu’ont les agriculteurs sur leurs ressources végétales. Les semences « Terminator » contiennent des gènes qui empêchent les plantes de former de graines que l’ont peut cultiver à nouveau. Beaucoup s’inquiètent que cette caractéristique génétique pourrait affecter les plantes conventionnelles – empêchant ainsi les agriculteurs de sauver des graines, même les semences de leurs cultures traditionnelles.

Ainsi, certains pays africains résistent aux OGM. L’Angola, le Soudan et la Zambie ont refusé toute aide alimentaire sous forme d’organismes génétiquement modifiés. Aussi, l’ONG African Biodiversity Network, en Ethiopie, milite pour le droit des agriculteurs de refuser les semences génétiquement modifiées.