2. Rwanda: Le fourrage est plus rentable que les cultures vivrières (Syfia Grands Lacs)

| juin 21, 2010

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Faustin cultive 20 hectares de terres dans la vallée de Rwasave, dans le sud du Rwanda. « J’ai tenté d’obtenir un crédit pour élever des vaches, mais en vain, dit-il. Je me suis alors résolu à ne continuer qu’avec mes fourrages. »

Pour certains agriculteurs rwandais, il est plus rentable de cultiver du fourrage pour les animaux d’élevage que de faire pousser des cultures vivrières. Faustin cultive le fourrage, qu’il vend aux agriculteurs voisins. Laurent Munyurangabo est son principal client. Il achète de quoi nourrir ses 12 vaches frisonnes.

En 2007, le gouvernement a annoncé que les agriculteurs qui élèvent des races de bovins importées doivent pratiquer la stabulation permanente. Par conséquent, il n’est pas rentable d’élever un petit nombre de vaches. Ainsi, certains agriculteurs à petite échelle ont plutôt opté pour la culture du fourrage. Les prix du fourrage sont avantageux et le marché est garanti.

Les races de vaches importées coûtent cher. Elles ont besoin d’une étable propre, de médicaments, et d’un apport équilibré en herbe et en aliments concentrés. Tout cela coûte environ 10 dollars américains par jour. John Muzima est un agriculteur de Nyamagabe. Il dit qu’en plus, « La stabulation permanente suppose une main-d’œuvre dont nous ne disposons pas. Les enfants doivent tous être à l’école, tandis que les parents s’occupent du travail des champs. »

M. Muzima explique qu’engager un gardien de vaches revient à environ 20 dollars américains par mois. Alors il a investi dans la culture des fourrages, à la place de l’élevage de vaches. Sur une portion de terrain de 20 mètres sur 30, il gagne 20 dollars chaque fois qu’il coupe le fourrage. Il peut le faire sept fois par an.

Sur la route reliant Kigali à Kibungo, on peut voir des cultures fourragères sur de nombreuses collines. Il en est de même dans les hautes terres du sud. Dr Sylvain Habimana représente RARDA, l’Institut d’exécution de la politique nationale d’élevage dans le Sud.. Il dit que RARDA favorisera le Mucuna (Mucuna pruriens) comme fourrage cette saison. Le Mucuna donne aux agriculteurs un double avantage. Il contribue à améliorer la fertilité du sol et il protège les sols contre l’érosion.

Les marchés du fourrage sont garantis, pour l’instant. En 2004, il y avait 37 000 vaches au Rwanda. En 2009, ce nombre a augmenté à près de 250 000..

La culture fourragère est une bonne affaire pour les agriculteurs. Mais, comme les produits de cultures vivrières se vendent à bas prix sur le marché, les agriculteurs remplacent de plus en plus les cultures vivrières par des cultures fourragères. Pour certains, cela est une source de préoccupation. Le Dr. Zimulinda, représentant de RARDA dans la province orientale, dit : « Nous sommes toujours tenus de cultiver pour la survie, pas seulement pour les bêtes. Sinon, que mangerons-nous? Des produits importés? »