Mali : Des sensibilisations pour prévenir la traite des personnes

| février 6, 2023

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Nouvelle en bref

Il est midi au cœur de Faladiè, un village du sud-ouest du Mali. Hamidou Sacko, gestionnaire de dossiers au sein de l’organisation Environnement et Développement Mali, tient leur rencontre journalière. Cette organisation œuvre pour enrayer la traite des personnes, notamment celle des jeunes garçons et des jeunes filles. L’un des cas les plus répandus est la traite par la prostitution forcée. Aminata Koumbia est une jeune fille de 19 ans originaire de Kayes, une ville située à l’ouest du Mali. Il y a quelques années, elle est allée chercher du travail sur un site aurifère, mais les choses ne se sont pas passées comme prévu et elle décida de se rendre plutôt à Bamako. Comme elle n’avait pas les frais de transport, un chauffeur accepta de la prendre à condition qu’elle paie une fois arrivée à destination. Cependant, madame Koumbia n’avait pas d’argent pour payer le conducteur, qui l’a conduite vers ses apprentis et l’obligea à coucher avec eux moyennant de l’argent. Après avoir obtenu le soutien d’Environnement et Développement Mali, sa condition s’améliora considérablement. Toutefois, plusieurs survivantes ne se sentent pas en sécurité pour signaler qu’elles sont exploitées. Bien que cela soit difficile, le travail contre la traite des personnes au Mali commence à porter du fruit.

Il est midi au cœur de Faladiè, un quartier situé au sud-ouest du Mali. Hamidou Sacko, un gestionnaire de dossiers au sein de l’organisation Environnement et Développement Mali, tient leur réunion quotidienne. Cette organisation œuvre pour enrayer la traite des personnes, notamment celles des jeunes garçons et des jeunes filles, en identifiant et en apportant un soutien aux survivants à mesure qu’ils réintègrent leurs communautés.

En juillet 2012, le Mali a adopté une loi qui définit la traite des personnes comme « le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes à l’intérieur ou à l’extérieur d’un pays, sous la menace, par la force, la violence, l’enlèvement, l’abus de pouvoir ou dans une situation de vulnérabilité… aux fins d’exploitation. Toute personne reconnue coupable de traite humaine est passible d’une peine de cinq à vingt ans d’emprisonnement.

Cependant, la traite de personnes demeure très répandue au Mali. Selon certaines organisations, des dizaines de milliers de personnes y sont contraintes chaque année, et elles pointent du doigt des facteurs tels que la pauvreté, l’analphabétisme, les longues frontières nationales et la dépendance à l’économie informelle.

La traite des personnes touche toutes les régions du Mali, et revêt plusieurs formes, en plus de concerner de nombreux secteurs. L’une des formes les plus répandues est celle qui a trait à l’exploitation sexuelle par la prostitution forcée qui implique souvent les femmes. Les réseaux de recrutement promettent souvent aux femmes un emploi lucratif et les relocalisent. Une fois arrivées à destination, elles se retrouvent piégées, endettées, et leurs ravisseurs les obligent à rembourser les frais de voyage et de logement en se prostituant.

Monsieur Sacko raconte que rien qu’en 2021, Environnement et Développement Mali a secouru 71 survivants du trafic sexuel, dont 38 femmes et filles du Mali. Ces femmes et ces filles ont bénéficié d’un suivi psychologique pour digérer et comprendre leur expérience et avoir de l’assurance pour réintégrer leurs communautés. Elles ont également reçu des logements, de la nourriture, des soins médicaux, des vêtements et d’autres formes de soutien psychologique et social.

Aminata Koumbia est une jeune fille de 19 ans originaire de Kayes. Il y a quelques années, elle s’était rendue sur un site aurifère pour chercher du travail. Mais, les choses ne se passèrent pas comme prévu et elle décida de se rendre plutôt à Bamako. N’ayant pas de frais de transport, elle expliqua la situation à un chauffeur qui accepta de l’emmener à condition qu’elle paie une fois à destination. Mais madame Koumbia ne connaissait personne à Bamako, et n’avait pas d’argent pour payer le chauffeur. Ce dernier la conduisit à ses apprentis et l’obligea à coucher avec eux pour avoir son argent. Elle tomba malade quelque temps plus tard et fut admise d’urgence dans une clinique. Son cas sera signalé au Centre Kanuya qui offre de l’aide aux survivants de la traite tout comme Environnement et Développement Mali.

Kassim Sanogo travaille au centre. Il se souvient de madame Koumbia et rappelle : « Elle a subi beaucoup d’abus. Elle était épuisée physiquement et mentalement. Elle était traumatisée et… était devenue agressive envers les autres. Sur le plan hygiénique, elle n’accordait plus d’importance à son corps. Pendant quelques mois, on l’a prise en charge sur le plan psychologique et physique son état s’est considérablement amélioré. »

Pour lutter contre la traite des personnes, l’Organisation internationale pour la migration affirme que les services de première ligne tels que la police, les services de protection de l’enfance, les inspecteurs du travail, le personnel hospitalier, les services sociaux, la police des frontières et les fonctionnaires ont besoin de plus de formations. L’organisation insiste sur la nécessité d’aider ces services à améliorer leurs techniques d’écoute et leurs capacités à offrir les premiers soins psychologiques.

Malheureusement, en dépit des soutiens disponibles, plusieurs survivants et survivantes ne sentent pas en sécurité pour rapporter leur expérience de la traite. Beaucoup craignent les passeurs, ou ont honte de leur vécu. D’autres ignorent qu’ils ou elles été exploités, ou ont au départ accepté d’être exploités pour pouvoir migrer.

Selon Hamidou Sacko, il est difficile pour plusieurs, notamment les femmes, de retourner chez eux. Il déclare : « Certains parents ne comprennent pas la situation et rejettent leurs enfants victimes de la traite. Certaines filles refusent également de retourner par honte, surtout celles qui ont des bébés. Et d’autres finissent même par fuguer. »

Pour Environnement et Développement Mali, le principal défi est la prévention. Pour contribuer à la prévention à traite des personnes, l’Organisation internationale pour les migrations a élaboré une liste de plus d’une dizaine de questions qui pourraient aider à identifier une personne exploitée : ils demandent si la personne paraît nerveuse, apeurée, méfiante, peu loquace; si elle porte des traces de mauvais traitements psychologiques, physiques ou sexuels; et si elle refuse de fournir des renseignements personnels. Il lui demande aussi où les gens savent où elle se trouve, si elle possède des pièces d’identité ou des documents de voyage, et si elle vit sur son lieu de travail ou chez son employeur.

Bien que ce soit difficile, la lutte contre la traite des personnes au Mali commence à porter du fruit. Monsieur Sacko explique : « Il existe une synergie d’action entre les services étatiques, les ONG et les partenaires. Grâce à cette bonne collaboration, nous parvenons à démanteler de plus en plus de réseaux qui pratiquent la traite à des fins d’exploitation sexuelle. Au rythme actuel des choses, on peut dire que le combat sera long. Mais, l’objectif finira par être atteint. »

Monsieur Sanogo du Centre Kanuya est du même avis. Il déclare : « Il y a de plus en plus de gens qui comprennent ce phénomène, et les acteurs qui le combattent se multiplient. On peut dire que tôt au tard, les efforts finiront par porter fruit. »

La présente nouvelle a été produite grâce à l’initiative « HÉRÈ — Bien-être des femmes au Mali » qui vise à améliorer le bien-être des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et reproductive et à renforcer la prévention et la réponse aux violences basées sur le genre dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti et le district de Bamako au Mali. Le projet est mis en œuvre par le Consortium HÉRÈ — MSI Mali, en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI) et Femmes, Droit et Développement en Afrique (WiLDAF) grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.

Photo : Les violences sexuelles hantent les personnes déplacées au Soudan du Sud. Crédit : Anouk Delafortrie pour l’Union européenne, 2018.