Projecteurs sur Lilian Madelemo d’Uhuru FM

| mars 5, 2018

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Pour Lilian Godwin Madelemo, une journée normale commence par une revue rapide des nouvelles internationales du monde du divertissement en ligne. Qu’il s’agisse de YouTube, Twitter ou Instagram, madame Madelemo note les nouvelles fraîches concernant la sortie d’œuvres musicales et les célébrités, et commence à écrire des textes pour son émission quotidienne, Uhuru Flava. Cette animatrice de radio de 29 ans se réunit également chaque matin avec ses collègues dans le studio pour décortiquer l’actualité économique sur Hello Tanzania. En outre, elle anime une émission musicale hebdomadaire dénommée Best Fifteen le dimanche.

Elle déclare en riant : « J’adore toutes mes émissions! »

Mais d’aujourd’hui n’est pas une journée normale. Ce matin, madame Madelemo a pris trois minibus, un pousse-pousse et deux taxis pour se rendre à Kongo, un village du district de Bagamoyo, à l’est de la Tanzanie. Le village se trouve à 60 kilomètres environ de Dar es Salaam, la plus grande ville tanzanienne, où est située sa station de radio, Uhuru FM. Elle se trouve à Kongo pour interviewer des agricultrices sur les difficultés qu’elles rencontrent au niveau de la commercialisation de leurs produits dérivés du manioc. Qu’elle soit en train de visiter un champ de manioc ou faire un reportage sur des pops stars, madame Madelemo affirme aimer son métier de journaliste, car elle apprend beaucoup de choses.

Elle explique : « Je découvre tellement de choses durant ces interviews, ainsi que des appels que je reçois des auditeurs. Ils disent : ‘Nous ne savons rien sur ce sujet; nous avons besoin d’en savoir plus, plus et encore plus,’ alors nous notons leurs questions et recherchons des réponses auprès des spécialistes. »

En 2017, madame Madelemo a travaillé sur l’émission Kilimo Yakinifu, ou « Agriculture efficace », en partenariat avec Radios Rurales Internationales. L’émission parlait surtout de nouvelles variétés de manioc, et a fourni des informations aux agriculteurs et aux agricultrices sur les techniques de plantation et de récolte.

Aujourd’hui, madame Madelemo rencontre certaines agricultrices qui ont écouté ces émissions. Plusieurs d’entre elles ont adopté les pratiques agricoles qu’elle décrivait à l’antenne. Elle parcourt les rangées de plants de manioc qui lui arrivent à taille et écoute attentivement pendant que les agricultrices expliquent comment leurs récoltes avaient augmenté après qu’elles eurent planté une nouvelle variété appelée Kiroba. Elle exploitera ces interviews pour ses émissions radiophoniques et une nouvelle publiée dans le numéro de cette semaine de Barza infos.

Elle affirme que le fait d’entendre parler de la réussite des agricultrices lui fait sentir que son travail a été utile : « Les gens s’instruisent grâce à nos émissions. Ils savent quoi faire dans leurs exploitations agricoles, comment améliorer leurs exploitations et ils tirent profit de l’écoute de nos émissions. En voyant qu’ils appliquent ce dont nous avons parlé … je me sens si bien! »

Toutefois, il n’a pas été facile pour madame Madelemo d’atteindre ce niveau de satisfaction. Elle s’est battue pour terminer des études de journalisme alors qu’elle était enceinte, et elle est actuellement une mère célibataire. Elle a été victime de harcèlement sexuel à plusieurs reprises lorsqu’elle cherchait un emploi. Mais elle s’en est tenue au journalisme qui, selon elle, constitue un moyen d’aider la société à se développer et à prospérer.

Elle explique : « Je veux contribuer à la résolution des problèmes de notre société. Je veux être une voix pour les personnes qui ne peuvent pas s’exprimer, pour les personnes qu’on n’écoute pas. Je crois que c’est la raison pour laquelle je suis dans le journalisme. »
Madame Madelemo fait partie des quatre femmes qui travaille dans la salle de rédaction d’Uhuru FM. L’étude Glass Ceilings: Women and men in Southern Africa Media, réalisée en 2010, a révélé que, bien qu’un éditorialiste sur trois soit une femme en Tanzanie, elles se retrouvent le plus souvent avec des emplois à court terme, précaires ou de pigistes. Au niveau des grands médias, sur dix directeurs et membres des conseils d’administration des organes de presse tanzaniens, huit sont des hommes.

Pour madame Madelemo, l’obstacle majeur a été de décrocher un emploi sans céder aux avances des patrons.

Elle explique : « Lorsque je me rendais dans leurs bureaux avec mon CV, mes attestations et mon diplôme, c’était difficile pour moi de trouver du travail. Je rencontrais les patrons (ce sont des hommes), et parfois ils m’abordaient. [Ils disaient] : ‘Tu as besoin d’un travail? Laisse-moi coucher avec toi, et tu auras un travail.’ Alors, c’était difficile. Mais je me rendais simplement dans un autre bureau, et un autre, jusqu’à ce que je trouve un emploi. Mais je n’ai couché avec aucun des patrons parce que je crois fermement en moi. »

Après presque deux ans de recherches, elle commença à travailler à Uplands FM, à Iringa. Après trois années passées là-bas, elle est repartie à Dar es Salaam en 2014 pour travailler à Uhuru FM.

Elle encourage d’autres jeunes femmes à poursuivre une carrière en journalisme, même lorsqu’elles rencontrent ce type d’obstacles.
« L’important c’est de croire en soi-même. Lorsqu’on dit : ‘Je peux,’ on peut. Quand vous dites : ‘Je vais faire ceci,’ vous le ferez, et vous vous sentirez mieux. Alors, n’ayez pas peur d’entrer dans ce secteur. C’est si formidable! Nous apprenons tellement de choses, et nous rencontrons différentes personnes. Quand vous avez foi en vous-même, vous pouvez y arriver. Et puis vous obtenez ce que vous voulez. »

Le présent article a été produit avec l’appui du Fonds de stimulation des services de vulgarisation en TIC de la Nouvelle Alliance de l’USAID, par l’entremise du Fonds international de développement agricole, en Tanzanie. Pour en savoir davantage sur le Fonds, cliquez sur : https://www.ifad.org/