Namibie : Le maraîchage en hydroponie aide les écoles et les communautés

| juillet 8, 2019

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C’est la récréation et Sylvia Amaambo, 12 ans, se promène dans le jardin de l’école. Elle s’accroupit près d’une planche d’eau dans la serre aménagée sous le hangar et prélève une botte de légumes à travers un petit trou dans la mousse flottante. De la main droite, elle vérifie les éléments nutritifs et s’assure que les racines et les feuilles poussent bien.

Sylvia est en classe de CM2 à l’école primaire d’Otjomuise, à Windhoek, la capitale namibienne. Dans cette école, les élèves ont un potager où ils pratiquent l’hydroponie, une forme d’agriculture dans laquelle on cultive dans de l’eau enrichie en éléments nutritifs plutôt que sur terre.

Aujourd’hui, Sylvia vérifie l’alcalinité ou l’acidité de l’eau avec un testeur pH. Les légumes poussent bien seulement si le niveau de pH est convenable. Elle explique : « Je dois m’assurer que l’eau a le bon niveau [d’acidité ou d’alcalinité] tout au long du processus pour obtenir une récolte pour la cantine scolaire. »

Sylvia et ses camarades cultivent des betteraves, de la laitue, de l’épinard et du chou. Pour que ces légumes poussent bien en hydroponie, il est important d’ajouter de l’engrais pour rendre l’eau riche en éléments nutritifs.

Sylvia soutient que l’eau se trouvant dans les planches du jardin hydroponique provient des robinets et que son niveau de pH varie généralement entre 7 et 8. La majorité des légumes poussent mieux quand le pH varie entre 5 et 6. Pour réduire le niveau de pH, les élèves ajoutent de l’acide phosphorique ou du vinaigre que les enseignant(e)s achètent dans des boutiques du coin.

John Sserwanga est expert en hydroponie à Windhoek. Il déclare : « Quand le pH est trop élevé, c’est aussi mauvais que s’il était trop bas, car les plantes seront incapables de récupérer l’engrais et les éléments nutritifs contenus dans l’eau. »

Monsieur Sserwanga a appris l’hydroponie quand il était au collège en Ouganda. Il a aidé à aménager le jardin hydroponique à l’école primaire d’Otjomuise en octobre 2018, avec le soutien du Programme alimentaire mondial, en vue de renforcer le programme alimentaire de l’école et améliorer la situation nutritionnelle des élèves.

Cette année, monsieur Sserwanga a formé 20 élèves sur le jardinage en hydroponie, et Sylvia y figurait.

Julia Haipinge fait partie des enseignant(e)s impliqués dans le jardin hydroponique de l’école et elle a commencé aussi à utiliser cette technique chez elle. Elle explique : « J’ai [un] jardin hydroponique et grâce à ma première récolte, j’ai pu économiser environ 500 dollars namibiens (35 $ US) sur l’achat des légumes. »

Jessica Julius est au CM2 à l’école et elle a parlé de l’hydroponie à ses parents. Elle déclare : « J’ai appris beaucoup à l’école, et j’ai commencé un potager à la maison avec l’aide de mon père que j’ai aidé avec les aspects techniques. »

Monsieur Sserwanga affirme que l’agriculture en hydroponie convient mieux aux endroits comme les villes et les villages où les agriculteurs et les agricultrices manquent de terres. Il explique : « Vous n’avez pas besoin de terre. Cela prend peu d’espace, mais [génère] plus de cultures. Comme vous pouvez le voir, nous avons pu cultiver 144 plants sur une superficie de 1,5 mètre sur 5 mètres. »

À ses dires, la production de cultures dans l’eau fait en sorte que celles-ci utilisent davantage les éléments nutritifs que les plantes qui poussent sur le sol. Monsieur Sserwanga explique : « Comme les éléments nutritifs fondent directement dans l’eau, les plantes s’en nourrissent directement. Alors que si c’était dans le sol, certains éléments nutritifs allaient se perdre. »

Monsieur Sserwanga raconte que le projet écolier et d’autres personnes qui pratiquent l’hydroponie achètent de l’engrais local qu’ils ajoutent à l’eau en guise d’éléments nutritifs pour les plantes.

Un sac de 25 kilogrammes d’engrais biologique coûte 670 dollars namibiens (48 $ US). Cela suffit à fournir des éléments nutritifs à un potager de 135 mètres carrés pendant une année.

À l’école de Sylvia, près de 60 % de la récolte du potager hydroponique sont destinés à la cantine scolaire, tandis que l’école vend les 40 % restants pour acheter de l’engrais. Plus de 700 élèves bénéficient de la cantine scolaire.

Absalom Absalom est un porte-parole du ministère de l’Éducation, des Arts et de la Culture. Selon lui, la récolte du potager complète la bouillie de maïs enrichie servie chaque jour à plus de 370 000 élèves à travers le pays.

Monsieur Absalom ajoute : « Beaucoup d’enfants vont à l’école le ventre vide et dépendent de la bouillie quotidienne de la cantine scolaire. La récolte du potager fournit plus de protéines, de calcium et de vitamine C qui sont bons pour le développement et la croissance des enfants. »

Sylvia adorait jouer avec ses amies, mais, maintenant, elle préfère le maraîchage en hydroponie. Elle déclare : « Je vais aider ma famille et mes camarades à se nourrir. Plus tard, j’aimerais commercialiser mon initiative en vendant les produits que je récolterai dans mon jardin chez moi. »