Tanzanie : Des femmes continuent de cultiver du haricot malgré les défis du genre

| décembre 2, 2018

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Même s’il est midi et qu’il fait très chaud, Verantikisi Daniel Kaaya est assise sur une chaise en bois sous sa véranda. Elle tient une plaque ronde métallique de couleur argentée qu’elle utilise pour vanner le haricot. Elle déclare : « Cela fait des années que je cultive du haricot malgré [les nombreux] problèmes que je rencontre…. [Ces] problèmes ne m’empêchent pas de cultiver le haricot. »

Madame Kaaya vit dans le village de Kikatiti, à Arusha, dans la région nord de la Tanzanie. Certains obstacles que rencontrent les femmes de cette région englobent l’indisponibilité des semences et le manque de conseils d’agent(e)s de vulgarisation agricole sur les techniques de sélection des semences, de plantation, de sarclage, d’entreposage et de récolte pour les femmes.

Madame Kaaya ajoute : « La propriété foncière, l’application des pesticides et les prises de décisions [concernant les pratiques agricoles] sont les domaines dans lesquels nous rencontrons les plus grands obstacles. »

Concernant la propriété foncière, madame Kaaya affirme que la plupart des femmes de sa région ont de faibles rendements parce qu’elles cultivent le haricot sur de petites parcelles que leur ont données leurs maris à qui appartient la terre et qui la contrôlent.

Madame Kaaya soutient avoir plus de chance, car elle a plus facilement accès à la terre que d’autres femmes de sa région. Elle explique : « Mon mari est celui qui contrôle la terre, mais il travaille pour une agence de voyages organisés. Par conséquent, il m’autorise à l’utiliser pour cultiver du haricot et d’autres denrées agricoles comme je veux. »

Les femmes de la localité peinent également à appliquer des pesticides sur leurs champs de haricot, car leurs époux sont trop occupés par d’autres travaux pour les aider. Madame Kaaya explique : « Pour l’application des pesticides, j’engage des hommes pour m’aider, car il m’est très difficile de porter le réservoir du pulvérisateur de pesticides sur le dos… Parfois, j’applique les pesticides moi-même lorsque je ne trouve pas d’homme pour m’aider. »

Selon madame Kaaya, la majeure partie des femmes qui cultivent du haricot dans sa région ne prennent pas les décisions d’ordre agricole et n’ont pas la possibilité de négocier avec leurs maris. Bien que madame Kaaya ne prenne pas de décisions dans sa famille, elle affirme que son mari écoute au moins parfois ses idées.

Elle explique : « Je négocie avec mon mari pour savoir quoi cultiver, quel lopin exploiter, comment utiliser la récolte et s’il faut vendre ou pas. »

Honoratha Shirima est agente de vulgarisation agricole dans la région. Selon elle, il est nécessaire de former la plupart des hommes de la région sur l’égalité de genre, afin qu’ils permettent par exemple à leurs épouses d’utiliser la terre. Madame Shirima explique : « Si les femmes avaient l’autorisation de posséder une terre et pouvaient prendre des décisions, cela favoriserait développement. »

Grace Vanika est une cultivatrice de haricot qui vit dans le village de Kikatiti. Elle affirme que ce sont les femmes surtout qui cultivent le haricot dans cette région, mais que le problème réside dans les mentalités qui empêchent les femmes de s’épanouir.

Madame Vanika ajoute qu’il est difficile pour les femmes de sa société d’adopter les bonnes pratiques agricoles afférentes au haricot, car la tradition confère plus d’autorité aux hommes sur tout, y compris l’argent de la vente du haricot.

Elle explique : « Même si la plupart des hommes ne cultivent pas de haricot, c’est eux qui gèrent les récoltes…. Dans ma société, les agricultrices reçoivent de petits lopins pour cultiver le haricot…. On peut donner une acre ou moins d’une acre sur cinq ou dix. »

Aux dires de madame Vanika, bien que les femmes cultivent le haricot sur de petits lopins, les hommes doivent essayer d’aider leurs femmes pour qu’ensemble, ils puissent avoir de bonnes récoltes qui serviront à leurs familles.

Madame Vanika soutient que, pour relever ces défis, les cultivatrices de haricot de sa région ont formé des groupes de 20 à 25 agricultrices. De cette façon, les agent(e)s de vulgarisation agricole et les organisations non gouvernementales peuvent facilement les former sur les techniques de production du haricot.

La présente nouvelle a été préparée avec l’appui du Fonds de stimulation des services de vulgarisation en informatique et en communications de l’USAID, par l’entremise du Fonds international de développement agricole en Tanzanie. Pour avoir de plus amples renseignements sur le fonds, cliquez sur : https://www.ifad.org/.