Ouganda : La hausse des températures multiplie les problèmes d’organismes nuisibles et de maladies chez les producteurs de café (IPS)

| février 19, 2018

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Depuis sa tendre enfance, le café a toujours fait partie du quotidien d’Abudu Zikusoka. Tout petit, dans le village de Ndesse, au centre de l’Ouganda, il regardait son père amener des gens dans leur maison pour emballer le café récolté par sa famille. Ensuite, ils chargeaient les sacs sur leurs vélos. Il se rappelle : « Je voyais l’un d’eux donner de l’argent à papa à partir duquel il enlevait quelques pièces de monnaie pour les donner à ma sœur. »

Sa famille payait la scolarité de sa sœur et de son frère avec les revenus du café. Monsieur Zikusoka a suivi les traces de son père pour pouvoir à son tour subvenir aux besoins de sa propre famille. Lors de son mariage, en 2005, il reçut un demi-hectare de terre, et décida d’y cultiver du café. 

Caféiers, bananiers, manioc et maïs se côtoient sur son lopin de terre. Cependant, c’est le café qui est la principale source de revenus de sa famille. Il a même acheté un autre hectare de terre grâce à l’argent qu’il a gagné avec sa production de café.

Mais ces dernières années, sa production de café n’a cessé de baisser en raison de maladies et d’insectes nuisibles. Une maladie fongique appelée flétrissement du café a envahi son exploitation, et les perceurs de la tige de café ont attaqué ses caféiers. De nombreux autres agriculteurs ont subi la crise du flétrissement dans le district de Mukono, l’une des principales régions productrices de café en Ouganda. 

Monsieur Zikusoka déclare : « Avant que le flétrissement du café n’attaque ma culture, je gagnais entre 700 et 1 000 dollars américains dans une bonne saison, mais les arbres restants [non touchés par le flétrissement] m’ont rapporté seulement 250 dollars, et maintenant je ne sais pas si je serai en mesure de gagner plus. »

Lorsque les pluies tardent, cela complique davantage la situation.

En 2013, monsieur Zikusoka a tout perdu. Il ajoute, frustré : « Je n’ai pas pu récolter beaucoup de café comme c’était le cas en 2006 lorsque je venais de commencer à me concentrer sur le café comme culture de rente. »

Les producteurs de café ont subi d’énormes pertes cette année-là. Près de 3,5 millions de personnes dépendent du café.

La maladie du flétrissement du café a été signalée pour la première fois, en 1993, au niveau des cultures de café Robusta à l’ouest de l’Ouganda. L’Arabica et le Robusta sont les deux variétés de café les plus cultivées dans le monde, et l’Ouganda est l’un des principaux producteurs de Robusta. Le flétrissement du café s’est rapidement propagé à travers le pays, détruisant au moins 12 millions de caféiers.

L’Autorité de développement du café de l’Ouganda souligne que 85 % du café ougandais est cultivé par de petits producteurs, dont la plupart des plantations ont une superficie d’un demi-hectare à 2,5 hectares. Toutefois, le fait de voir leurs caféiers se fragiliser et se détériorer incite certains producteurs à abandonner leurs plantations.

Le Dr Africano Kangire travaille à l’Institut national de recherche sur le café. Pour lui, la prolifération des ravageurs et des maladies est directement liée au changement climatique. Lorsqu’il fait plus chaud que d’habitude, cela constitue un terreau fertile pour certains insectes nuisibles et maladies.

Il soutient que certaines maladies qui étaient rares dans les régions montagneuses y sont désormais assez courantes.

Les experts prédisent que les températures augmenteront de plus de deux degrés Celsius à travers le monde d’ici la fin du siècle présente. Le Dr Kangire affirme que si cela se produisait, il deviendrait très difficile de cultiver du café dans les plaines. Seuls les rares endroits beaucoup plus frais comme dans les montagnes resteraient adaptés à la culture du café. 

Il note que la rouille orangée du caféier qui touchait généralement le café cultivé à des altitudes inférieures à 1 400 mètres est maintenant apparue dans les localités situées à 1 800 mètres au-dessus de la mer.

La maladie du fruit du caféier s’est également déportée vers les altitudes plus hautes, et est en train d’attaquer les cultures situées à 1 800 mètres au-dessus du niveau de la mer. Autrefois, on ne la trouvait qu’aux endroits situés en dessous de 1 600 mètres.

Le secteur ougandais du café tente de s’adapter. Les scientifiques travaillent au développement de variétés de café plus résistantes à la maladie du flétrissement.

Paul Isabirye est commissaire adjoint à la direction de la météorologie de l’Institut national de recherche sur le café de l’Ouganda. Il affirme que les pluies sont tardives maintenant, ce qui laisse peu de temps aux fèves de café de parvenir à maturité. « Si les grains de café sont trop exposés au soleil et reçoivent moins de pluie, ils resteront petits et la production sera faible. »

Les mineuses des feuilles menacent également les producteurs de café ougandais. Et ce n’est pas uniquement le café qu’elles attaquent. Les chercheurs ougandais affirment que ce ravageur s’attaque à près de 50 espèces végétales, outre le café.

La présente nouvelle est une adaptation d’un article intitulé : « Insectes et maladies attaquent la principale culture d’exportation du pays » publié par Inter Press Service. Pour lire l’article original, cliquez sur : http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=8018