Cameroun : Des réfugiés et des résidents locaux se nourrissent en élevant du poisson ensemble (VOA Afrique)

| février 12, 2018

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Plus d’une centaine de femmes chantent sur les berges de la rivière près du camp de réfugiés de Gado, à l’est du Cameroun. C’est jour de récolte et beaucoup de réfugiés sont ici à l’étang de pisciculture pour acheter du poisson. Parmi les vendeurs de poissons se trouve Christine Mboula, une mère de 31 ans originaire de la République centrafricaine. Cela fait deux ans qu’elle vit dans le camp. Elle affirme qu’elle vendra une partie de sa prise et emportera le reste à la maison pour sa famille.

Deux cents femmes réfugiées du camp des Nations Unies gèrent cet étang de pisciculture à côté de la rivière. Elles approvisionnent non seulement les habitants du camp, mais également ceux des villages voisins en poissons.

Mme Mboula affirme que la ferme piscicole a permis à sa famille de garder le cap. Elle était au chômage et ne parvenait pas à subvenir aux besoins de ses trois enfants. Son mari est mort durant le conflit au pays. Ses enfants et elle dépendaient de l’aide alimentaire des Nations Unies, qui, selon elle, ne leur suffisait jamais.

La Centrafrique s’est retrouvée plongée dans la tourmente en 2013, lorsqu’un groupe armé renversa le pouvoir en place, déclenchant ainsi une vague de combats. Des centaines de milliers de personnes fuirent pour avoir la vie sauve.

Boniface Nyado est le responsable du Programme alimentaire mondial ou PAM dans la ville de Bertoua dans l’est du Cameroun. Il soutient que le PAM a lancé ce programme d’aquaculture en juin 2017 pour aider les réfugiés centrafricains et leurs communautés hôtes à être plus autosuffisants.

Selon lui, le PAM avait remarqué que la région jouissait d’un énorme potentiel pour l’élevage de poissons et, qu’en même temps, les résidents locaux et les réfugiés avaient besoin de plus de nourriture, et surtout de protéines. Monsieur Nyado affirme que le PAM a rassemblé 200 réfugiés et résidents locaux pour travailler sur le projet piscicole pendant six mois. Ils ont invité les communautés hôtes à participer en vue de minimiser les risques d’éventuels conflits entre les deux groupes pour l’eau et d’autres ressources.

Après six mois de formation, les réfugiés et les résidents locaux ont construit leurs propres étangs d’élevage pour avoir des revenus et des aliments nutritifs.

Le PAM enseigne aux réfugiés et aux résidents locaux des techniques de production d’aliments piscicoles à bas prix. L’organisation leur apprend également des pratiques commerciales telles que l’épargne et les prêts.

Il y a un an, à peine 1 000 réfugiés centrafricains vivaient dans le camp de Gado. En octobre 2017, ils étaient au nombre de 25 000.

Allegra Baiocchi est la coordonnatrice-résidente du système des Nations Unies au Cameroun. Elle affirme que le programme d’aquaculture aide et rend autonomes les réfugiés de sorte qu’ils sont moins dépendants des ressources surexploitées des Nations Unies qui mettent du temps à leur parvenir.

Elle explique : « Nous ne disposons pas de ressources financières suffisantes pour nos interventions. Nous devons nous souvenir des populations réfugiées et de l’impact qu’elles ont sur les communautés hôtes, et nous devons faire plus…. Après trois ans, les gens nous demandent de leur fournir de l’aide à plus long terme, ce qui leur permettra de se remettre sur pied et de retrouver le chemin du développement. »

Les Nations Unies affirment qu’au moins 540 000 Centrafricains se réfugient au Cameroun et dans les pays voisins à mesure que les tensions se poursuivent en République centrafricaine. Six cent quatre-vingt-dix mille autres personnes sont déplacées à l’intérieur des frontières de leur propre pays.

La présente nouvelle est une adaptation d’un article intitulé « Fish Farming Project Helps CAR Refugees Feed Themselves » publié par VOA Afrique. Pour lire l’article original, cliquez sur : https://www.voanews.com/a/fish-farming-car-refugees/4163672.html

Photo: VOA: Des femmes dans un camp de réfugiés à l’est du Cameroun