Ouganda : Des agriculteurs utilisent des blocs à lécher pour améliorer la santé de leur bétail

| septembre 11, 2017

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De plus en plus angoissé, Andrew Byaruhanga se tenait à l’écart du marché et observait son petit troupeau de bétail se bousculer pour brouter l’herbe sèche. Se remémorant cette époque, il raconte : « Mes bêtes étaient malades à cause de leur mauvaise alimentation…. J’avais perdu espoir, et en dernier ressort, je les ai amenées au marché pour les vendre. Mais, à ma grande déception, personne ne m’a demandé à quel prix je les vendais, car elles étaient chétives. Je n’avais d’autre choix que de les ramener chez moi. »

C’était il y a quelques mois. Depuis, monsieur Byaruhanga a appris à fabriquer des blocs à lécher avec des ingrédients nutritifs.

Monsieur Byaruhanga réside à Karasi, un village du district de Masindi, à environ 220 kilomètres au sud-ouest de Kampala, la capitale ougandaise. Ce district regorge de bétail, et les éleveurs et les éleveuses peinent souvent à garder leurs animaux en bonne santé face aux maladies et à la pénurie d’eau et de bons pâturages. La situation est pire en saison sèche.

Après avoir tenté de vendre ses bêtes malades, monsieur Byaruhanga a entendu dire qu’il était possible de compenser la mauvaise qualité de leur alimentation en leur faisant lécher des blocs riches en nutriments.

Monsieur Byaruhanga prépare une pâte à base de terre de termitière, de cendre d’os d’animaux calcinés, de sel et d’eau, puis verse le mélange dans un moule où il durcit pour former un bloc à lécher.

Les os d’animaux, ainsi que la terre de fourmilière ou de termitière contiennent du sel, des minéraux et d’autres éléments nutritifs essentiels pour la santé des animaux.

En Ouganda, les expert(e)s agricoles encouragent les éleveurs et les éleveuses à produire eux-mêmes les blocs à lécher pour aider leur bétail à rester en bonne santé.

Doreen Pamela Acan est agente de vulgarisation agricole chez Afro Farm Development, une organisation non gouvernementale basée à Masindi, et qui a initié les éleveurs et éleveuses du district aux blocs à lécher. Elle déclare : « Les minéraux à lécher permettent d’améliorer la performance parce qu’ils fournissent aux animaux des vitamines et des minéraux essentiels tels que le magnésium, le calcium, le potassium, le fer et le sodium, entre autres. »

Ponsiano Eper est gestionnaire principal du développement agricole au Service des prisons agricoles de l’Ouganda, basé à Masindi. Il affirme que les blocs à lécher peuvent contribuer à l’augmentation des revenus des éleveurs et des éleveuses.

Monsieur Byaruhanga est satisfait de cette technique, car elle permet d’augmenter la production de lait. Il déclare : « J’ai un meilleur revenu. Avant, mes sept vaches me donnaient 10 à 15 litres de lait par jour. Maintenant, elles produisent 25 à 30 litres par jour. »

Selon monsieur Byaruhanga, le revenu que lui rapporte l’élevage a triplé depuis qu’il a commencé à utiliser des blocs à lécher. Il gagne entre 7,80 $ et 10 $US par jour avec la vente du lait.
Il ajoute que les minéraux contenus dans les blocs contribuent à augmenter non seulement la production du lait, mais ils améliorent également la qualité de la viande et aident les animaux à mieux résister aux organismes nuisibles et aux maladies.

Petero Akiki élève des animaux dans le village voisin de Kiryana. Il déclare : « Je m’aperçois que cette technologie bénéficie aux éleveurs. Autrefois, il nous fallait parcourir de longues distances à la recherche d’eau, de terre et d’herbes, mais grâce à cette nouvelle idée, nous nous sommes établis [ici] et, par-dessus tout, le revenu que nous procure le lait a considérablement augmenté. »

Son collègue Waibare Paul enregistre également une augmentation de sa production de lait depuis qu’il a commencé à utiliser des blocs à lécher. De plus, ses dépenses ont diminué.

Il explique : « La différence que j’ai observée se situe au niveau de la réduction des dépenses pour les soins de mes animaux, et l’amélioration de la production de lait. Je ne dépense plus beaucoup d’argent pour soigner mes bêtes depuis que j’ai commencé à leur donner des blocs à lécher. »

Monsieur Byaruhanga soutient que le fait de nourrir le bétail avec les blocs à lécher a amélioré son revenu familial, ce qui lui permet les études supérieures de ses deux fils aînés.