Éthiopie : En pleine sécheresse, une assurance bétail au secours des éleveurs (Trust)

| août 14, 2017

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Au sud de l’Éthiopie, le paysage semi-aride composé de buissons et d’acacias complique la vie aux éleveurs et aux communautés semi-pastorales qui gagnent leur vie en élevant du bétail là. Sur des centaines de kilomètres, on aperçoit des rivières asséchées ou contenant peu ou pas d’eau.

Les bergers dépendent des pluies saisonnières et des forages pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs animaux.

Cependant la sécheresse persistante qui sévit dans la zone de Borena, au sud de l’Éthiopie assombrit les perspectives d’avenir de bergers comme Jilo Datecha.

Madame Datecha vit à Dembela Daden, au sud de l’Éthiopie, dans le district de Yabelo, situé rien qu’à 200 kilomètres de la frontière kényane, au nord. En 2016, cinq de ces vaches ont maigri anormalement à cause du manque d’herbe de pâturage. Cette situation a obligé cette mère d’âge mûr de six enfants à vendre douze de ces vingt-cinq vaches pour acheter du fourrage pour les autres bêtes.

Mme Datecha explique : « J’avais l’habitude de vendre les vaches au prix de 6 000 birr au moins [260 $US chaque], mais depuis l’arrivée de la sécheresse …, qui appauvrit tous les habitants de la région, je ne peux même pas trouver un acheteur pour 1 000 birr [43 $US]. »

Mais Mme Datecha s’était préparée pour ces moments difficiles. Il y a environ trois ans, elle a souscrit à un régime d’assurance qui aide les éleveurs à faire face aux pertes provoquées par la sécheresse.

Plus tôt cette année, elle a reçu une indemnisation de 7 500 birr [325 $US] de la part de la Compagnie d’assurances d’Oromia. La société offre une couverture aux bergers suivant un régime d’assurance bétail indexée depuis 2012.

L’assurance peut réduire les pertes causées aux éleveurs par les sécheresses, car ces derniers peuvent se servir du paiement pour acheter du fourrage ou remplacer les bêtes mortes.

En Éthiopie, Masresha Taye est le coordonnateur du programme d’assurance de l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI). Il soutient qu’au départ ce régime devait servir uniquement d’assurance pour le bétail mort, mais qu’il avait été modifié pour en faire un produit visant à permettre aux éleveurs de maintenir leurs bêtes en vie.

Monsieur Taye explique que les compagnies d’assurance effectuent les paiements suivant un indice permettant de vérifier la disponibilité du fourrage dans chaque région et d’évaluer les risques de sécheresse au cours des prochains mois.

Il affirme que les assurés reçoivent de l’argent pour se procurer du fourrage, de l’eau ou des services vétérinaires afin de pouvoir continuer à nourrir leurs animaux et les maintenir en bonne santé.

Les primes représentent 7,5 % à 11 % du montant maximum assuré, suivant les antécédents de la région en matière de sécheresse.

L’ILRI apporte un soutien technique pour la conception et le contrôle de l’indice, ce qui permet aux éleveurs d’utiliser les données satellitaires pour évaluer la disponibilité du fourrage sur le terrain.

Kifiya Financial Technology, une entreprise spécialisée en TI, offre un système électronique pour le prélèvement des primes et le paiement des demandes d’indemnisation.

Monsieur Temesgen dirige le département de microassurance de la Société d’assurance d’Oromia. Il affirme que le nombre d’assurés est relativement faible pour plusieurs raisons. Premièrement, les subventions gouvernementales font défaut. Deuxièmement, les initiatives visant à faire connaître ce programme au public sont insuffisantes, et les bergers ne savent pas exactement à quoi l’assurance pourrait leur servir.

Monsieur Taye soutient que l’ILRI compte aider les éleveurs à avoir un meilleur accès aux informations en temps réel sur les lieux où ils peuvent se procurer des aliments pour leur bétail, ainsi que les localités en proie à des flambées épidémiques afin d’éviter que leurs bêtes meurent.

Selon messieurs Taye et Temesgen, le programme pourrait être plus stable s’il était couplé à un ensemble d’autres formes d’aide telles que des projets visant à fournir des aliments pour les animaux et de l’eau, la formation de coopératives d’éleveurs et une plus grande disponibilité d’informations.

Aux dires de monsieur Taye, l’ILRI espère trouver les voies et moyens pour déployer programme en vue de couvrir d’autres zones d’élevage en Éthiopie, et plus tard d’autres pays de la Corne de l’Afrique.

Bien que le montant de l’assurance aide d’un point de vue financier les éleveurs à résister aux effets de la sécheresse, monsieur Temesgen affirme que l’argent ne suffirait pas à protéger entièrement ces derniers s’il leur arrivait de subir des pertes de bétail considérables lors d’une grave sécheresse.

Même s’il est peu probable que le montant compensatoire offert à Mme Datecha l’aide à racheter les bêtes qu’elle a dû vendre en raison de la sécheresse, elle soutient que cela lui procurera une certaine protection contre le manque de pluie. Elle explique : « Au début nous ne croyions pas à l’authenticité du régime d’assurance, mais maintenant nous sommes reconnaissants de l’avoir. »

Le présent article est inspiré d’un article de la Thomson Reuters Foundation intitulé « As drought bites, livestock insurance aids pastoralists in Ethiopia. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : http://news.trust.org/item/20170626142922-mcpbh/

Photo: Pastoralist Jilo Datecha (right) reçoit une indemnisation de la part de la Compagnie d’assurances d’Oromia
Crédit: Oromia International Bank