Ouganda : Économiser de l’argent en utilisant les insectes pour nourrir les poules

| juin 5, 2017

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Jenifer Ladwong n’avait jamais songé à nourrir ses poules avec des insectes, et ce, même si elle avait aperçu des poules gratter la terre à la recherche de vers près des fosses à ordures. Mais lorsqu’elle entendit parler de techniques d’élevage d’insectes à la radio, elle décida aussitôt de vérifier si cela pourrait être efficace pour elle.

Mme Ladwong élève des poules, à Iowok, un village du district d’Omoro, au nord de l’Ouganda. Pendant des années, le coût élevé des aliments pour volaille lui causait énormément de soucis. Elle a même failli renoncer l’aviculture. Toutefois, en novembre 2016, la dame de 35 ans a entendu parler d’élevage d’insectes pour les poules en écoutant Mega FM.

Un mois plus tard, Mme Ladwong tentait d’appliquer ce qu’elle avait entendu à la radio. Elle explique : « J’ai ramassé de la bouse de vache, que j’ai mise dans un panier, et j’ai versé de l’eau [là-dessus]. J’ai laissé ça macérer pendant trois ou quatre jours et ai découvert que des asticots s’y étaient développés. J’ai nourri les poules avec [les asticots] et j’ai réalisé qu’elles adoraient ça. »

Mme Ladwong s’est mise à élever des insectes pour ses poules, car elle peinait à trouver suffisamment d’aliments à bon prix. Elle craignait toujours que ses poules s’éloignent trop de la maison lorsqu’elles allaient chercher à manger, et se fassent dévorer par des bêtes sauvages.

Depuis qu’elle a commencé à élever des asticots dans un panier, Mme Ladwong a ajouté un sac et un sac en papier pour s’assurer que ses poules aient suffisamment à manger chaque jour. Cela lui permet d’économiser de l’argent sur les aliments pour volaille. Cependant, elle économise également ses récoltes de maïs et de sorgho, avec lesquelles elle peut désormais nourrir sa famille plutôt que de les donner à ses poules.

Au début, Mme Ladwong pensait qu’il serait difficile d’élever des insectes parce que cela peut être salissant. Elle affirme que c’était terrifiant au départ. Elle explique : « [Au début], je fermais les yeux lorsque je servais les asticots aux poules, mais, maintenant, je ne le fais plus. »

Elle encourage les autres femmes à ne pas craindre les insectes, mais plutôt à savoir qu’ils peuvent rendre service à la ferme.

Grâce à l’émission radiophonique de Mega FM, Mme Ladwong a adhéré à l’association paysanne du district d’Omoro. Les membres de l’association utilisent les insectes en guise d’aliments pour poissons.

Kenth Ojok est l’un des pisciculteurs du district d’Omoro. Il suspend une lampe au-dessus du bassin à poissons et les insectes, attirés par la lumière, tombent dans le bassin. Les poissons les mangent immédiatement.

Les poissons de M. Ojok se vendent entre 3 000 et 6 000 shillings ougandais (0.82 $ et 1,65 $US) l’unité. Il soutient que ses poissons croissent et grossissent plus rapidement, car ils se nourrissent d’insectes, mais que leur goût reste le même.

Mme Ladwong a appris auprès des membres de l’association les techniques piscicoles, et a construit un bassin pour élever du poisson-chat et du tilapia. Elle a suivi une formation sur l’élevage de mouches soldat noires pour nourrir les poissons, offerte par Insfeed Uganda à l’Université de Makerere, à Kampala.

Dorothy Nakimbugwe est maître de conférences au département de technologie alimentaire et de nutrition de l’Université de Makerere. Selon elle, les insectes fournissent plus de protéines que les tourteaux de soja et de graines de tournesol coûteux pour les éleveurs et les éleveuses.

Madame Nakimbugwe ajoute que les insectes sont rentables et que les éleveurs et les éleveuses peuvent également être certains que leurs aliments sont de bonne qualité puisqu’ils maîtrisent la technique d’élevage.

Les poules de Mme Ladwong se développent maintenant plus vite et pondent plus d’œufs. Avant, il fallait huit mois aux poules pour atteindre une taille commercialisable. Mais, grâce au changement opéré au niveau de leur régime alimentaire, elles grossissent en six mois. De plus, elles commencent à pondre plus tôt et pondent plus d’œufs qu’avant la modification de leur régime.

Mme Ladwong a actuellement 21 poulets fermiers qu’elle élève pour sa propre consommation plutôt que pour la vente. Comme elle économise de l’argent en élevant des insectes, elle songe à augmenter le nombre de poules et de poissons. Cela lui nécessitera d’élever plus d’insectes.

À la faveur de toutes ses activités, Mme Ladwong a désormais plus de nourriture pour sa famille. Et tout cela, grâce aux insectes.

Le présent article a été réalisé grâce à une subvention du Centre de recherche pour le développement international, à Ottawa, au Canada, www.idrc.ca, ainsi qu’au soutien financier du gouvernement du Canada, octroyé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca.