Niger : À mesure que les sécheresses s’intensifient, les téléphones et les radios offrent des solutions pour l’eau (Trust)

| juin 19, 2017

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Dans l’ouest du Niger, lorsque Moumouni Abdoulaye et ses collègues bergers partaient en mission de reconnaissance, à la recherche d’eau, ils craignaient pour leur bétail, ainsi que pour leurs vies.

Face à la récurrence de sécheresses et aux inondations imprévisibles, il leur était devenu impossible de compter sur les techniques traditionnelles de prévision météorologique. Privés de renseignements météorologiques d’actualité, ils ne pouvaient savoir d’avance où et quand ils trouveraient de l’eau dans cette vaste région aride.

Monsieur Abdoulaye est assis à l’ombre d’un arbre pour éviter le soleil brûlant de midi, dans la région de Tillabery, au Niger. Il déclare :  Nous vivions dans l’incertitude, et risquions constamment nos vies.

Mais, maintenant, les prévisions météorologiques locales fournies en temps réel, diffusées à la radio et sur les téléphones portables, sont en train de transformer la vie de gens comme monsieur Abdoulaye. Et la population semi-nomade de la région contribue à la préparation de ces prévisions.

Monsieur Abdoulaye raconte :  Désormais, nous recevons chaque jour des nouvelles sur la pluie, nous pouvons appeler d’autres communautés pour savoir s’il pleut chez elles, et planifions nos déplacements en conséquence.

Au Niger, et dans la plupart des pays sahéliens, les sécheresses récurrentes appauvrissent plusieurs personnes et font qu’il est beaucoup plus difficile de gagner sa vie avec l’agriculture. Les spécialistes soutiennent qu’il y a un besoin pressant et urgent d’avoir de meilleurs renseignements climatiques afin de s’assurer que les agriculteurs et les éleveurs pourront s’adapter à la pluviosité aléatoire et aux chocs climatiques.

Un nombre limité de données climatiques sont collectées et transmises aux populations africaines. L’absence de stations météorologiques a pour conséquence que les prévisions nationales ont une portée trop générale pour servir à l’échelle locale. Les services de renseignements météorologiques ne sont pas souvent bien compris ou faciles à utiliser. En outre, selon les experts, il n’y a souvent pas de suivi pouvant permettre aux gens de tirer profit de ces renseignements.

Blane Harvey est associé de recherche à l’Overseas Development Institute, un centre d’études et de recherches basé à Londres. Il affirme que le fait d’amener les gens à ajouter leur savoir-faire local aux prévisions permettra de générer plus de prévisions régionalisées. Il ajoute :  La collaboration est très importante, car les gens adhèreront à un service s’ils prennent part à sa création.

On demande aux gens de collecter des données sur la pluie. On les met en contact avec des stations de radio communautaires qui interviewent des responsables du secteur agricole et de l’élevage pour diffuser des informations en temps réel. La prise en compte d’observations traditionnelles, telles que la période où les arbres sont en fleur et les comportements des oiseaux, renforce la confiance des communautés dans les renseignements climatiques.

Pour l’agriculteur Adamou Soumana, le fait d’avoir un meilleur accès aux renseignements climatiques a permis à son village de mieux comprendre les chocs climatiques qu’ils subissent, et d’avoir l’assurance pour adopter des stratégies visant à renforcer leur capacité d’adaptation, telle que l’utilisation de semences adaptées au climat.

Il explique :  Autrefois, lorsqu’il pleuvait en janvier, nous nous hâtions de semer nos cultures, croyant que la saison pluvieuse [avait commencé] … alors qu’en fait la saison ne commençait jamais avant le mois de mai.

Il ajoute :  Maintenant, nous comprenons les chocs climatiques et pouvons programmer d’avance nos activités. Nous sentons que nous étions plus endurants.

Amadou Adamou travaille dans l’ONG Association for the Revitalization of Livestock Breeding. Il déclare :  Recevoir et partager les renseignements de cette façon permettra non seulement aux éleveurs de savoir quand et où se déplacer, mais cela renforce également les relations et la confiance entre les individus.

Beaucoup d’éleveurs possèdent des téléphones portables et des radios alimentés par des piles solaires, ce qui signifie qu’ils peuvent obtenir des prévisions pendant leurs déplacements. De bons renseignements peuvent aider les bergers à trouver des sources d’eau et savoir quand vendre leurs bêtes. Ce qu’il reste à faire maintenant c’est de relier les prévisions et les autres renseignements climatiques aux besoins agricoles de la communauté.

Harouna Hama Hama travaille avec l’ONG internationale CARE. Il déclare :  Avoir de meilleures prévisions est une chose. Mais avoir de bons conseils probants sur la signification des renseignements, ainsi que des discussions sur la manière de les utiliser afin d’être plus résilient, est la chose que recherchent véritablement les populations de la région.

 

Le présent article est inspiré d’un article de la Thomson Reuters Foundation, intitulé : As droughts worsen, phones and radios lead way to water for Niger’s herders.  Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur :  http://news.trust.org/item/20170509000958-0czmy/

Photo : L’éleveur Moumouni Abdoulaye (gauche) intervenant lors d’une rencontre où il a été question de prévisions climatiques, à Tillabery, au Niger, le 18 avril 2017. Mention de source : Thomson Reuters Foundation / Kieran Guilbert