Tanzanie : Tenir le bétail hors des terres cultivées pour avoir un meilleur sol

| mai 15, 2017

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Grace et Daniel Zephania sont des agriculteurs d’âge mûr qui se sont lancés dans l’agriculture de façon tout à fait particulière. Le mari et la femme étaient les plus grands éleveurs d’Azimio, un petit village situé à 20 kilomètres, au nord de Dodoma, la capitale tanzanienne.

À l’instar de plusieurs autres éleveurs et éleveuses du village, le bétail constitue leur plus grande source de revenus. Mais, le couple cultive également, et s’est lancé dans l’agriculture après avoir acheté 20 hectares il y a 15 ans. Les deux activités sont interdépendantes. En effet, l’une d’elles permet souvent de couvrir les frais engendrés par l’autre.

Par exemple : l’exploitation d’une grande ferme peut engendrer des coûts élevés afférents aux équipements, à la main-d’œuvre et aux intrants. Les Zephania vendent souvent quelques têtes pour couvrir ces dépenses.

Toutefois, aujourd’hui, les Zephania savent que, pour tirer le plus de bénéfices de l’élevage et l’agriculture, ils doivent mener les deux activités séparément, du moins pour le sol.

Autrefois, le couple Zephania n’avait aucune préoccupation par rapport à l’endroit où il devait faire paître son bétail. Ils laissaient simplement leurs bêtes divaguer sur les terres agricoles. C’était une pratique courante à Azimio. Mme Zephania ajoute : « Parfois, nous donnions de l’argent à nos voisin(e)s pour qu’ils laissent notre bétail brouter dans les champs moissonnés. »

Mais au fil du temps, leurs rendements ont diminué. Les Zephania pensaient que cette situation était due au changement climatique, et ils vendirent quelques bovins pour compenser leurs pertes. Cependant, il y a trois ans, le couple a appris que leurs mauvaises récoltes étaient en partie dues au fait qu’ils mélangeaient les deux activités. Le fait de laisser paître le bétail dans leurs champs après les récoltes était une grosse erreur.

Le bétail accentue l’érosion du sol et, comme leurs sabots rendent le sol compact, cela fait qu’il est plus difficile pour celui-ci de retenir l’eau. À mesure que le temps passait, les Zephania récoltaient de moins en moins.

Les bêtes broutaient les débris végétaux. Mme Zephania affirme que le fait de laisser paître le bétail sur la terre avait rendu le sol aride et faisait en sorte que le sol avait plus de difficulté à retenir l’eau quand il pleuvait.

Ils ont appris cette leçon importante grâce au Diocèse de la région centrale du Tanganyika, une ONG qui sensibilise les agriculteurs et les agricultrices par rapport à l’agriculture de conservation, et l’impact du bétail sur le sol.

Lawrence Lwanje est l’agent du suivi et évaluation du Diocèse de la région centrale du Tanganyika. Selon ses explications, lorsque le sol devient compact, les jeunes pousses ont de la difficulté à pénétrer dans le sol et à émerger. De plus, le sol ne s’assèche pas bien. Quand le sol est gorgé d’eau, des flaques se forment après les pluies.

L’agriculture de conservation consiste en un travail réduit du sol ou une culture sans labour, ce qui évite au maximum de retourner la terre, et ce, même durant les semis. Les Zephania cultivent des variétés semi-précoces et précoces de millet blanc et de sorgho qui parviennent rapidement à maturité et résistent mieux aux changements qui surviennent au niveau des pluies. Mais le couple Zephania ne laboure pas son champ durant les semis.

Le Diocèse de la région centrale du Tanganyika exerce une influence à travers ses messages. M. Lwanje explique :  Les agriculteurs et les agricultrices changent. Ils ne laissent plus leurs animaux paître sur leurs terres agricoles.

Les villages où les producteurs et les productrices pratiquent l’agriculture de conservation ont aménagé plutôt des endroits spéciaux pour le pâturage, et imposent des pénalités aux personnes qui laissent paître leur bétail dans les champs des cultivateurs et des cultivatrices. En fonction de la superficie du champ, les amendes varient entre 20 000 shillings tanzaniens (9 $US) par hectare pour les chèvres et les moutons et 50 000 shillings tanzaniens (22 $US) par hectare pour les bovins. Ces pénalités réduisent également les conflits entre les agriculteurs et les propriétaires de bétail.

Jane Daudi est une agricultrice à qui profite ce changement. Elle a noté une amélioration des rendements de sa ferme de trois acres et demi, située dans le village de Chihanga. Elle déclare :  J’avais l’habitude de récolter moins de cinq sacs de millet blanc. Maintenant, je suis sûre que je récolterai 30 sacs.

Elle affirme que le système de pénalité imposé par le village pour les animaux qu’on laisse paître sur les terres agricoles est efficace. Elle ajoute :  J’exhorte les autorités à contribuer à la vulgarisation des connaissances pour assurer la sécurité alimentaire du pays.

M. et Mme. Zephania dans leur champs

This work was created with the support of Canadian Foodgrains Bank as part of the project, “Conservation Agriculture for building resilience, a climate smart agriculture approach.” This work is funded by the Government of Canada, through Global Affairs Canada, www.international.gc.ca