Zimbabwe & Ghana : Des magasins et de la cendre de bois pour préserver le maïs entreposé et les recettes (par Nqobani Ndlovu & Tara Sprickerhoff)

| avril 10, 2017

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Violet Mguni est occupée à égrener du maïs par cet après-midi de dimanche ensoleillé. Assise à l’ombre, elle mélange des graines de maïs avec de la cendre de bois pour les protéger des charançons et des insectes foreurs.

Mme Mguni cultive à Fort Rixon, dans la province du Matabeleland nord du Zimbabwe. Dans cette région, les infestations peuvent causer des pertes de 20 à 50 pour cent au niveau du grain entreposé.

Les insectes ravageurs et les moisissures peuvent détruire le maïs entreposé, privant ainsi les agriculteurs et les agricultrices d’argent. C’est pour cette raison que les pratiques après récolte sont importantes. Mme Mguni utilise la cendre de bois, un moyen abordable et efficace d’éviter les organismes nuisibles, tandis que des agricultrices et des agriculteurs au Ghana apprennent à construire des entrepôts de qualité pour garder leur maïs au sec, et continuer à faire d’énormes bénéfices.

Depuis qu’elle a commencé à utiliser la cendre, Mme Mguni a réduit considérablement ses pertes après-récolte. Elle explique : « Ça ne me coûte rien du tout. J’ai juste à couper des tiges de kinkéliba dans les buissons avoisinants et à les brûler. La cendre asphyxie les organismes nuisibles et les insectes foreurs. Ils n’ont aucune chance de survivre. »

Elle brûle des tiges de kinkéliba pour faire de la cendre, puis elle tamise la cendre et la mélange au maïs. Elle entrepose ensuite son maïs dans un grenier.

Silas Nkala est un expert agricole installé à Gwanda, dans la province du Matabeleland sud. Il affirme qu’au fil du temps, la cendre de bois s’est avérée être un moyen efficace de lutte contre les insectes nuisibles. Il explique que la cendre empêche les insectes nuisibles de respirer et de se nourrir. Incapables de capter l’humidité se trouvant dans leur nourriture, les insectes se déshydratent et meurent par asphyxie avant même de pouvoir se reproduire.

Donald Khumalo est un des anciens présidents du Zimbabwe Commercial Farmers Union. Il dit que les cendres peuvent conserver les grains plus longtemps que les produits chimiques, qui peuvent nuire à la santé humaine.

Mme Mguni est heureuse de pouvoir utiliser cette technique traditionnelle très bon marché pour préserver son maïs. Elle ne s’inquiète plus pour les pertes après-récolte. Elle déclare : « Je n’ai plus eu de problème avec les insectes foreurs après avoir utilisé la cendre de bois. Je [peux] me reposer avec l’assurance que mon maïs est en sécurité dans le grenier. »

Un grenier ou entrepôt bien construit est important pour protéger le grain entreposé. Dans la région Ashanti, du Ghana Memunata Abdulai a construit un nouvel entrepôt, grâce aux conseils provenant d’une émission radiophonique. À l’extérieur, des planches en bois disposées en plusieurs couches protègent le maïs de la pluie et des rayons du soleil. À l’intérieur, des palettes déposées à même le sol empêchent les sacs d’être en contact avec la terre et permettent une bonne aération.

Ce n’est pas ainsi que Mme Abdulai a toujours entreposé son maïs. Avant, elle entreposait son maïs dans n’importe quel espace libre, fut-il sale ou non. Elle raconte : « Le temps que tu t’en rendes compte, il était infecté par l’aflatoxine ou d’autres choses. »

C’est après avoir entendu des émissions radiophoniques sur Jerryson FM et Akyeaa FM qu’elle prit la décision de construire son magasin.

Augustus Addai est le principal spécialiste à contacter concernant l’émission radiophonique diffusée sur Akyeaa FM. Il travaille au ministère de l’Agriculture et est chargé de l’amélioration des cultures au niveau de la municipalité de Nkoranza-Sud, d’où émet la station de radio.

M Addai affirme que les agriculteurs et les agricultrices peuvent gagner plus d’argent s’ils conservent bien leurs produits agricoles, et les vendre à un meilleur prix lorsque la demande sera plus forte, quelques mois après les récoltes.

Mme Abdulai a appris qu’elle devait utiliser un entrepôt, l’aménager de telle sorte que l’air puisse circuler et le maintenir toujours propre.

Désormais, son maïs ne se gâte pas et la qualité lui permet d’obtenir un bon prix au marché. Autrefois, si le sac de maïs de 110 kilogrammes coûtait 100 cédis (25 $US) au marché, les client(e)s n’offraient que 80 cédis (20 $US) voire 50 cédis (12 $US) pour un des sacs de Mme Abdulai. Après qu’elle a construit l’entrepôt, les acheteurs proposent à Mme Abdulai le prix courant. Il arrive parfois qu’ils achètent le sac à 150 cédis (38 $US). Elle déclare : « J’obtiens exactement ce que je veux, et cela augmente mes bénéfices. »

 

Cet article s’inspire de deux articles provenant des archives de Barza infos. Pour lire l’intégralité des articles :

« Zimbabwe : Les agricultrices et les agriculteurs utilisent de la cendre de bois pour protéger le maïs entreposé des insectes nuisibles », cliquez sur  https://wire.farmradio.fm/fr/farmer-stories/2014/12/zimbabwe-les-agricultrices-et-les-agriculteurs-utilisent-de-la-cendre-de-bois-pour-proteger-le-mais-entrepose-des-insectes-nuisible-11082

« Ghana : Des entrepôts pour garder le maïs au sec et les profits élevés », cliquez sur https://wire.farmradio.fm/fr/farmer-stories/2016/09/ghana-des-entrepots-pour-garder-le-mais-au-sec-et-les-profits-eleves-15038


Photo:  Memunata Abdulai à l’extérieur de son entrepose au région Ashanti, Ghana.   // crédit: Tara Sprickerhoff