Tanzanie : Des agriculteurs améliorent leurs revenus et leur santé en faisant sécher des fruits sur des séchoirs solaires

| janvier 23, 2017

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Les locaux de Kilimanjaro Natural Foods Cooperative sont installés dans une maison, un peu à l’écart de la principale route goudronnée de Moshi, au nord de la Tanzanie. En franchissant la porte, vous devinez tout de suite que les membres de la coopérative sont très occupés. Trois séchoirs solaires à double paroi sont posés dans la cour.

On aperçoit à l’intérieur des séchoirs des tranches de mangues orange vif.

solar dryers

Les séchoirs solaires. Crédit photo: Kathryn Burnham

La coopérative regroupe 90 membres, dont la majorité est composée de femmes. Elles réalisent de bons profits grâce aux fruits et aux légumes qu’elles font sécher et vendent collectivement.

Njarita Mbaga gère la coopérative. Il raconte qu’ils vendent leurs fruits et leurs légumes séchés aux magasins d’alimentation de Moshi et d’Arusha, ainsi qu’aux hôteliers et aux organisateurs de safari. L’an dernier, 35 membres ont vendu leurs produits à la coopérative, et ont gagné 18 millions shillings tanzaniens qu’elles se sont partagés (8 000 $US).

Albina Mkiwara est la présidente du groupement. Elle explique qu’elles font sécher l’oseille de Guinée (hibiscus), la mangue, l’ananas et la banane, ainsi que de la citronnelle, la tomate et du champignon.

Plusieurs membres possèdent leur propre séchoir solaire, qui, admet Mme Mkiwara, coûte cher. Elle affirme que le coût d’installation d’un séchoir solaire varie entre 800 000 et un million de shillings (350 $ à 440 $US), et que le bois est le matériau le plus coûteux.

Un séchoir solaire est une boîte dans laquelle on fait sécher les fruits et les légumes sur des claies. Le cadre de la boîte est fait en bois, et des pieds en bois tiennent celle-ci au-dessus du sol. Le couvercle est un film plastique blanc qui laisse pénétrer les rayons du soleil. Le fond de la boîte est une plaque métallique qui renvoie les rayons du soleil à l’intérieur. Les côtés et les claies sont des filets disposés entre les pièces du cadre en bois.

Ngoni Nenguwo explique que le filet permet à l’air de circuler dans le séchoir. M. Nenguwo est un spécialiste en gestion après récolte qui travaille au Centre mondial des légumes. Il affirme que la circulation de l’air est très importante pour les séchoirs solaires.

Les séchoirs solaires accélèrent le processus de séchage des mangues et sont plus hygiéniques. Il peut faire 15 à 35 degrés plus chaud à l’intérieur d’un séchoir qu’à l’extérieur, ce qui signifie que le séchage se fera plus rapidement.

M. Nenguwo soutient que dans plusieurs régions, les agriculteurs et les agricultrices font sécher leurs légumes dehors, au soleil. Mais ces légumes risquent d’être contaminés par la poussière, des débris ou de sales bêtes. Le séchoir solaire permet d’obtenir un produit plus propre, ce qui est important si les légumes sont destinés à la vente ou la consommation.

Les fruits et les légumes séchés peuvent rapporter de bons revenus aux agriculteurs et aux agricultrices, car ces derniers peuvent les vendre pendant toute l’année. Ils peuvent également aider la famille à rester en bonne santé. Les tomates rouges, les légumes-feuilles vertes, les carottes orange peuvent tous servir à la cuisson de repas très colorés et plus nutritifs. Dans les régions où la production et la récolte de légumes et de fruits sont impossibles toute l’année, il peut s’avérer difficile d’en avoir longtemps après que la saison pluvieuse a pris fin.

M. Nenguwo qualifie la période entre les récoltes de fruits et légumes de « désert nutritionnel ». Il affirme que les familles peuvent souvent avoir suffisamment de calories en consommant du maïs et de la viande, mais qu’elles n’auront pas tous les nutriments qu’il leur faut.

Le séchage des fruits et des légumes est facile. M. Nenguwo soutient qu’on peut faire blanchir la plupart des légumes avant de les mettre à sécher. On plonge les légumes dans de l’eau bouillante pendant une minute, puis dans l’eau froide pour les refroidir, avant de les transférer dans le séchoir. Cela fonctionne pour les légumes-feuilles et les carottes.

En ce qui concerne les tomates, il suffit de les découper, d’y ajouter du sel et de les disposer sur le séchoir. Pour les tranches d’aubergines africaines, plongez-les dans du jus de citron pendant cinq minutes avant de les étaler sur le séchoir.

Mme Mkiwara explique que, pour faire sécher les fruits, il faut simplement les laver, les découper et les mettre dans le séchoir. Elle conseille de couper les fruits en fines tranches comme si on voulait obtenir des chips afin qu’ils puissent sécher plus rapidement.

Elle ajoute qu’il est important de suivre les bonnes pratiques hygiéniques, à savoir : laver les mains, les couteaux et le séchoir avec du savon. Elle recommande aux gens de se couvrir les cheveux et d’avoir les ongles courts pour préserver la propreté des aliments.

Mme Mkiwara affirme fièrement que les femmes de la Kilimanjaro Natural Foods Cooperative ont toutes suivi une formation sur les processus de séchage et les pratiques hygiéniques, afin de savoir à quel moment leurs produits sont prêts pour la vente.

Grâce aux bonnes techniques de séchage qu’elles utilisent, ces femmes réalisent un bon profit. Mme Mkiwara déclare : « La récompense, c’est que ces femmes [peuvent] payer les frais de scolarité de leurs enfants et aider leurs maris. »