République de Guinée : Un agriculteur utilise les feuilles de kola pour régénérer des terres infertiles

| septembre 26, 2016

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Lemine Camara se bat pour restaurer le sol. Le sol a été endommagé par la mauvaise utilisation d’engrais chimiques pendant plusieurs années.

M. Camara se souvient que sa défunte mère lui parlait des caboches et des feuilles du kolatier comme étant un bon fertilisant naturel. Il décide alors de tenter l’expérience en produisant du compost naturel avec des feuilles mortes de kolatier pour produire de l’igname sur un hectare de terre dans la sous-préfecture de Koba située en Basse-Guinée.

Pour fabriquer le compost, il a demandé à tous les 25 membres de sa famille de ramasser les feuilles mortes de kolatier dans des plantations qui ceinturent le village. Ensuite, la famille a creusé des trous de 30 centimètres de profondeur à travers son champ. M. Camara explique : « On remplit les trous avec les feuilles mortes qu’on a ramassées, puis on referme . . . [les trous]. On arrose régulièrement les trous remplis de feuilles pour faciliter la décomposition et au bout de 90 jours, chacun des trous reçoit une bouture d’igname pour un cycle d’un an. »

La tâche est ardue, mais les résultats sont encourageants, et M. Camara espère avoir une bonne récolte. Parcourant son champ d’igname, le visage radieux, M. Camara dit : « Si la terre est pauvre, les feuilles d’igname jaunissent au contact du soleil. Mais si les feuilles sont vertes, comme tu le constates maintenant, c’est que la terre a repris sa fertilité. »

Très fier de son expérience, l’agriculteur déclare : « Regarde à côté ces 20 pieds d’igname. Les feuilles sont complètement jaunes pour la simple raison que sur cette partie on n’a pas appliqué le compost ».

El Hadj Daouda Camara est le fils aîné de M. Camara. Il salue la prouesse de son père. Il explique que la terre que sa famille a revitalisée avait été longtemps abandonnée.

En Guinée, les agriculteurs et les agricultrices en bordure de mer fertilisent leur sol à l’aide des limons en période de haute marée. Mais, la grande distance à parcourir pour être aux champs a découragé beaucoup d’agriculteurs de l’intérieur comme M. Camara. El Hadj dit : « Ils se sont orientés vers la production à petite échelle, mais mon père vient de relever un défi. Au moment où il décidait de reprendre cette plaine, aucun habitant de Dokiti ne croyait au succès de son initiative ».

Koba a été pendant longtemps l’une des principales zones productrices de kola en Guinée. Mais la récente épidémie d’Ebola a conduit à la fermeture des frontières avec le Sénégal, le plus grand marché d’exportation de kola de la Guinée. Les producteurs de kola n’arrivent plus à écouler leurs produits qui pourrissent. Le succès de M. Camara dans la culture d’igname peut pousser ses voisin(e)s à changer de cultures.

Hassanatou Bangoura est l’épouse de M. Camara. Elle a tenté la même expérience avec le compost sur une petite superficie où elle a planté de la patate douce. « J’ai récolté dix sacs de 100 kilogrammes que je vends présentement au marché hebdomadaire du village », dit-elle en souriant.

Encouragés par le succès de M. Camara, de plus en plus d’agricultrices et d’agriculteurs utilisent le compost à base de feuilles mortes de kolatier pour restaurer la fertilité de leurs sols. Pour sa part, M. Camara envisage de creuser des trous à compost sur une superficie plus grande. Pour cela, il peut compter sur tous les membres de sa famille, mobilisés à ses côtés.

Cet article a été initialement publié le 9 mars 2015.