Swaziland : Les agricultrices et les agriculteurs augmentent leurs revenus grâce à l’herbe de Rhodes

| février 22, 2016

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Charity Gceba est une agricultrice de 41 ans qui vit à Lapa, un village du district de Manzini, dans le centre du Swaziland. En 2013, elle a commencé à cultiver l’herbe de Rhodes. Cette graminée vivace a de fines tiges feuillues dont la taille peut varier entre un demi-mètre et trois mètres de hauteur.

Peu d’agriculteurs et d’agricultrices swazis connaissaient cette plante jusqu’au moment où de grands producteurs commerciaux blancs ayant migré du Zimbabwe voisin commencent à la cultiver au Swaziland.

Désormais, des agricultrices et des agriculteurs d’exploitations familiales comme Mme Gceba cultivent l’herbe de Rhodes non seulement pour nourrir leurs vaches laitières, mais aussi parce qu’elle est rentable.

Elle explique : « Une douzaine d’éleveurs commerciaux blancs [expulsés] [du] Zimbabwe se sont établis ici et cultivent 30 hectares d’herbe de Rhodes. [Au début], nous pensions qu’ils étaient fous de cultiver cette herbe sauvage. »

Toutefois, intrigués par le succès de ces éleveurs, les agent(e)s agricoles du district de Manzini ont formé 390 agricultrices de différents districts du Swaziland qui voulaient cultiver cette herbe. Mme Gceba était de leur nombre.

Dino Patrao est le technicien agricole en chef public du district de Manzini. Il explique : « Nous avons signé un contrat avec les éleveurs commerciaux blancs pour donner aux femmes rurales une formation sur les bonnes semences à cultiver, la quantité d’eau requise et les bons pesticides à utiliser pour que leur production d’herbe de Rhodes soit bonne. »

Kondo Mleya est une agricultrice d’exploitation familiale du district de Lubombo qui a participé à la formation. Elle déclare : « Au début, j’ai cultivé un hectare d’herbe de Rhodes et j’ai récolté trois tonnes d’herbe. L’herbe de Rhodes rapporte beaucoup d’argent. [En une année], mes recettes ont atteint 2 400 $US. C’est un meilleur revenu en comparaison à celui de ma [récolte de mangues] qui m’a rapporté uniquement près de 1 500 $US pour une bonne année. »

L’herbe de Rhodes se vend à bon prix. Mme Gceba admet que sa commercialisation pose toujours problème, mais elle espère qu’il y aura bientôt plus de marchés. Elle explique : « Les exploitant(e)s de ferme laitière de la capitale, Manzini, achètent rapidement notre herbe. Les sociétés minières chinoises elles aussi élèvent des vaches laitières ici à Manzini. Le coût s’élève à plus de 500 $ pour une tonne d’herbe de Rhodes de bonne qualité. »

Ishmael Gezi est agriculteur dans le village de Dalibazimu, à l’est du district de Lubombo, au Swaziland, et il cultive l’herbe de Rhodes depuis juillet 2014. M. Gezi entrevoir un avenir radieux pour ce qui est de sa récolte. Il déclare : « La plupart des grands éleveurs commerciaux qui cultivent l’herbe de Rhodes envoient leurs produits aux exploitant(e)s de fermes laitières très loin à Dubaï et en Afrique du Sud. À l’avenir, nous aimerions nouer des partenariats avec eux pour pouvoir en exporter aussi. »

Crédit: Wonder Chinhurst

Crédit: Wonder Chinhurst

Gladman Stuart supervise les services de formation professionnelle ruraux qu’offre un organisme caritatif dans le district de Manzini. Il prévient que les producteurs et les productrices d’herbe de Rhodes sont confrontés à certains problèmes. Il explique : « L’herbe de Rhodes est une plante sensible. Les sécheresses de plus en plus nombreuses, les tondeuses désuètes et l’état délabré des routes de Manzini … ont pour conséquence que l’herbe récoltée [devient] impropre à consommation des vaches laitières. Les éleveurs perdent de l’argent. »

Toutefois, Mme Gceba est ravie de pouvoir cultiver l’herbe de Rhodes. Elle explique : « Avant l’herbe de Rhodes, [je cultivais] des pois et des arachides. Les inondations, la concurrence sur le marché et les sols infertiles faisaient que je ne pouvais jamais faire un bénéfice de plus de 700 $ par an. » Grâce à l’herbe de Rhodes, Mme Gceba peut se permettre de payer les frais d’études secondaires de tous ses enfants.