Kenya : Des exploitant(e)s de fermes laitières produisent de l’ensilage avec du maïs pour maximiser leurs profits

| décembre 7, 2015

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Peter Choge et trois autres hommes s’activent à remplir un broyeur avec des plants de maïs verts. Deux d’entre eux prélèvent des tiges de maïs feuillus sur un tas et les passent aux deux autres qui remplissent la machine. Le broyeur pulvérise les tiges et les épis broyés dans un gros sac en polyéthylène.

M. Choge cultive à Soi, un village du comté d’Uasin Gishu, dans la région Nord du Rift du Kenya, à 325 kilomètres, au nord-est de la capitale, Nairobi. Il produit de l’ensilage pour ses trois vaches. L’ensilage est un aliment conservé au moyen de la fermentation. Plusieurs habitant(e)s de la localité s’étonnent des méthodes de Choge. En effet, nombreux sont ceux qui pensent que la fabrication d’aliments pour animaux à partir de maïs vert est un gaspillage de nourriture qui aurait pu servir à l’alimentation humaine.

M. Choge s’est aperçu qu’il gagnait en fait plus d’argent avec cette technique qu’en vendant du maïs en grain.

Avant de se lancer dans la fabrication d’ensilage de maïs, les vaches de M. Choge ne lui rapportaient rien. Elles produisaient peu de lait, et la quantité qu’il vendait ne couvrait pas les frais d’aliments achetés en magasin.

C’est alors qu’il a participé à un atelier d’une semaine sur la fabrication d’ensilage pour les vaches laitières. M. Choge a appris que les vaches aimaient l’ensilage, et qu’elles produisaient plus de lait et de veaux en meilleure santé grâce à cette nouvelle alimentation. De plus, cet aliment coûte moins cher à produire. Les agricultrices et les agriculteurs ajoutent simplement un peu de sel au maïs broyé pour accroître sa teneur en minéraux et sa saveur en général.

Maintenant qu’il dépense peu pour l’achat de ses aliments, M. Choge réalise enfin des bénéfices. Il explique : « Je dépense 15 000 shillings kenyans [150 $US] pour louer le [broyeur] et payer la main-d’œuvre pour faire l’ensilage. Mais à la fin de l’année, je gagnerai au moins 300 000 shillings [3 000 $US] avec le surplus de lait. »

Reuben Tanui est un agent du service de développement de l’élevage laitier dans le sous-comté de Soi. Il déclare : « L’ensilage est un aliment de qualité qui augmente … la production de [lait], car celui du maïs est un repas équilibré. »

M. Tanui recommande aux agricultrices et aux agriculteurs de confectionner l’ensilage de maïs lorsque la plante est à l’étape de croissance « difficile » ou de « mûrissement » parce que c’est à ce moment que la teneur en fibre et en protéines est la plus élevée.

Il affirme que les cultivatrices et les cultivateurs peuvent gagner plus d’argent en transformant leur maïs en ensilage, surtout vu que le cours du marché pour les céréales est actuellement bas. En effet, le sac de 90 kilos coûte 2 500 shillings [25 $US] seulement. En moyenne, la production de maïs par hectare se situe à environ trois tonnes et demie de céréales, ce qui rapporte près de 100 000 shillings [1 000 $US] à l’agricultrice ou l’agriculteur. M. Tanui explique qu’un hectare de maïs peut produire plus de sept tonnes et demie d’ensilage, une quantité suffisante pour nourrir sept vaches laitières pendant toute une année.

L’agent soutient qu’il existe deux techniques de fabrication de l’ensilage, et que les deux conviennent même aux productrices et aux producteurs laitiers ayant moins d’un demi-hectare de terre. Avec la technique de « l’ensilage produit en surface », le maïs broyé est tout simplement pressé entre deux grandes bâches plastiques, placées parfois dans une fosse ou un endroit clos. Les agricultrices et les agriculteurs utilisent un poids lourd comme un tracteur pour retirer l’air afin de faciliter le processus de fermentation. Cela évite que des déchets s’y retrouvent, et permet ainsi à l’ensilage de se conserver plus longtemps.

Joel Tarus est agriculteur dans le sous-comté voisin de Turbo. Il utilise la deuxième technique pour confectionner son ensilage. Il explique : « Je hache le maïs, l’écrase et le mets dans des tubes en plastique. Je le tasse le plus possible, et un mois plus tard mon ensilage est prêt. » La technique du tube en plastique est particulièrement pratique pour les agricultrices et les agriculteurs ayant de petits troupeaux, car elle permet d’éviter que l’ensilage ne se détériore facilement et de contrôler la quantité que les vaches consomment.

M. Choge utilise le surplus de ses revenus pour payer les études de ses trois enfants à l’Université de Moi, à Eldoret. Il raconte : « Mes vaches produisent plus de lait, alors je peux économiser plus d’argent pour ma famille. Avant de me lancer dans la fabrication d’ensilage, je ne pouvais pas me permettre cela. »

Note de la rédaction : Pour lire un autre article de Barza infos sur le maïs vert et les avantages financiers qu’il confère aux agricultrices et aux agriculteurs, consultez l’article « Malawi : Le maïs sucré génère des profits plus juteux », sur le lien suivant : http://wire.barza.fm/fr/farmer-stories/2015/01/malawi-le-mais-sucre-genere-des-profits-plus-juteux-11175