Côte d’Ivoire : Privés d’enfance pour du chocolat (IRIN)

| août 31, 2015

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Arouna* se tient torse nu dans une plantation de cacao en Côte d’Ivoire. Le garçon de douze ans tient une houe et on peut voir clairement ses côtes transparaître sous sa peau. Il déclare : « Je dois me lever tôt chaque jour afin d’arriver le premier au champ avec mon frère cadet pour commencer à défricher [la terre]. Je suis exténué. »

Arouna est né de l’autre côté de la frontière, au Burkina Faso. Il y a huit mois, il a été envoyé au village ivoirien de Sassandra pour y retrouver son père. Il pensait pouvoir poursuivre ses études en Côte d’Ivoire. Au lieu de cela, on l’a amené directement dans la forêt et, désormais, il travaille dur chaque jour dans les plantations de cacao. Il n’a pas encore mis les pieds dans une classe.

La crise politique de 2010-2011 a fait 3 000 morts et entraîné le déplacement d’un demi-million de personnes en Côte d’Ivoire. Cependant, grâce au retour de la paix et la sécurité dans le pays, plusieurs Ivoiriennes et Ivoiriens déplacés veulent également y retourner, et envoyer leurs enfants travailler dans les champs de cacao.

Maxime M’bra est le responsable de Stop à la traite des enfants, une ONG locale qui lutte contre le travail des enfants. Il affirme que plusieurs personnes ont émigré des pays voisins, dont le Burkina Faso, au cours des dernières années.

La Côte d’Ivoire et le Ghana voisin produisent plus de 70 pour cent du cacao mondial. Toutefois, en raison de la chute drastique du cours du marché des fèves de cacao, les agricultrices et les agriculteurs locaux emploient de plus en plus les enfants pour les travaux champêtres.

Selon une enquête réalisée conjointement par l’UNICEF et l’État ivoirien, les enfants qui travaillent sont au nombre d’un million et demi en Côte d’Ivoire.

Le travail forcé des enfants est interdit en Côte d’Ivoire. Les peines vont de un à cinq ans d’emprisonnement à une amende de 800 $US à 2 200 $US. Cependant, la loi est rarement appliquée et les poursuites judiciaires sont extrêmement rares.

Depuis 2013, la Côte d’Ivoire a investi près de 40 millions de dollars américains pour réduire la main d’œuvre enfantine et créer un système de repérage pour repérer et mener des enquêtes sur les enfants en danger.

Martin N’Guetta est le coordonnateur national d’Opération Akoma qui lutte contre la traite des enfants. Il soutient que cet investissement aura peu d’effet à moins que la culture de l’impunité juridique change.

M. N’Guetta ajoute : « Les mesures de prévention et de protection ne peuvent pas éradiquer … le travail des enfants si des poursuites et des sanctions … énergiques ne sont appliquées contre les auteur(e)s de la traite et de l’exploitation. »

En juin 2015, une opération d’Interpol s’est attaquée à la traite et l’exploitation des enfants en Côte d’Ivoire. L’opération a permis de secourir près de 50 enfants non loin du village d’Arouna. Les agent(e)s d’Interpol ont arrêté 22 personnes, dont des parents particulièrement.

La plupart des enfants qui ont été secourus avaient entre cinq et seize ans. Un(e) responsable d’Interpol déclare : « Certaines [victimes] avaient travaillé dans les champs pendant plus d’une année. [Ils] ont avoué aux autorités qu’ils travaillaient régulièrement pendant de longues heures sans recevoir aucun salaire ou aucune éducation. »

Plusieurs enfants ont très peur de décrire entièrement les conditions dans lesquelles ils travaillent. Aicha* est une fillette de 10 ans qui travaille dur non loin des plantations de cacao où travaille Arouna. Elle raconte : « Le matin, j’aide chaque jour dans les champs familiaux. Puis, nous cueillons des fruits que je dois aller vendre avant le crépuscule pour acheter de l’huile et du sel. C’est ce que je fais chaque jour. »

Elle ne pourrait jamais avouer aux autorités que ses parents l’obligeaient à travailler. Aicha déclare : « J’ai trop peur qu’on m’emmène loin et que je me retrouve à vivre seule. »

*Note de la rédaction : les noms des enfants ont été changés pour protéger les innocents.

Pour lire l’intégralité de l’article duquel provient cette histoire intitulée « Privés d’enfance pour du chocolat », cliquez sur : http://www.irinnews.org/fr/report/101927/privés-d-enfance-pour-du-chocolat