Cameroun : Une agricultrice récolte un sorgho résistant à la sécheresse

| décembre 22, 2014

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Moda Mahamat est en plein repiquage du sorgho de saison sèche, appelé localement Muskuwaari. De la main gauche, elle tient une touffe de plusieurs plants tandis que la main droite sert à introduire un plant dans un trou préalablement creusé. Elle se fait aider par une amie qui a pour rôle de verser un peu d’eau dans le trou avant le repiquage.

Mme Mahamat est une agricultrice de 27 ans du village de Yonkolé, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Entre deux repiquages, elle se relève et d’une main elle éponge la sueur sur son front. Elle a commencé à travailler la terre il y a 10 ans lorsqu’elle s’est mariée. Cette terre a toujours été aride en saison sèche. Rien ou presque n’y pousse. Elle dit : « J’ai abandonné les travaux champêtres de saison sèche pendant deux ans. Je ne pensais pas pouvoir à nouveau utiliser cette terre en saison sèche. J’étais désespérée à l’idée d’avoir perdu ma terre  devenue inutile ».

La terre de Moda Mahamat est un sol argileux qui se durcit et devient presque imperméable en saison sèche, qui dure entre huit et neuf mois.

Après avoir repiqué une rangée de semis, elle marque à nouveau une pause. Elle se relève et explique : « Avant le Muskuwaari, je cultivais le mil et il fallait beaucoup d’énergie pour arroser le champ tous les jours sans même être sûr d’avoir une bonne récolte plus tard. » Un encadreur paysan lui a conseillé d’essayer le Muskuwaari. Mme Mahamat aime que le Muskuwaari n’a pas besoin de beaucoup d’eau pour pousser.

Carine Poaka est enseignante-chercheure à l’université de Maroua, la capitale régionale de l’Extrême-Nord du Cameroun. Elle fait parti  d’une équipe de chercheur(e)s de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD).

Mme Poaka dit : « Le Muskuwaari est appelé aussi sorgho de saison sèche ou sorgho de contre-saison. [Sa] principale particularité est sa capacité de résistance à la sécheresse. Les racines du Muskuwaari absorbent les petites particules d’eau fixées dans le sol, en fait des réserves qu’elles utilisent ensuite pour grandir. C’est une capacité que n’ont pas d’autres plantes ».

Mme Poaka confirme que la culture du Muskuwaari est aussi une bonne alternative pour nourrir la population lorsque rien d’autre ne peut pousser. Elle dit : « Dans cette région, les sols argileux sont de toutes les façons inexploitables en saison sèche. Or, le Muskuwaari n’aime pas beaucoup d’eau et accomplit son cycle végétatif durant cette saison sèche.  Le Muskuwaari permet donc une seconde récolte céréalière en saison sèche».

Mme Mahamat dit récolter environ une tonne et demi de sorgho par hectare durant la saison sèche. La jeune dame marque une pause de quelques secondes dans son travaille pour reprendre son souffle. Elle dit : « Depuis quatre années que je me suis lancée dans la culture du Muskuwaari, non seulement ma terre est redevenue utile puisque quelque chose y pousse, mais en plus j’ai de quoi nourrir ma famille et je peux même vendre une partie de ma récolte ».